le rend insupportable ; il se trouvait réchauffé en outre par l’exercice qu’il faisait en grimpant au milieu des glaces. Et, pour dire la vérité, en quittant le navire naufragé, il le regardait comme un meilleur abri qu’auparavant.
— Le froid augmente de plus en plus, disait quelques jours après Stimson à Roswell. Je me suis levé ce matin lorsque tous les hommes étaient encore couchés, et c’était à peine si je pouvais supporter de n’avoir ni mon bonnet sur la tête ni ma couverture de peau, quoique je fusse dans la maison. Si le temps continue ainsi, un poêle ne suffira plus, il nous en faudra deux dans la chambre à coucher.
— Dieu sait d’où nous viendra le bois, si le capitaine Dagget ne nous abandonne pas son navire : nous serons morts longtemps avant le retour de l’été.
— Il faut nous réchauffer, Monsieur, dit Stimson en souriant, par la lecture de la Bible. Vous ne devez pas oublier, capitaine Gar’ner, que vous avez promis à une personne qui prie tous les jours pour vous, de parcourir les chapitres qu’elle vous à indiqués et d’y consacrer une pensée patiente et attentive.
— Ainsi, vous croyez que Jésus est le Fils de Dieu ? s’écria Roswell.
— Autant que je crois que nous sommes ici, et je voudrais être aussi sûr d’en sortir.
— D’où vous est venue cette conviction, Stimson ? De votre raison ou de la conversation de votre mère et du ministre ?
— Ma mère est morte avant que je pusse l’entendre parler, et j’ai peu fréquenté les ministres, pour ne pas m’être trouvé où on les rencontre. La Foi me dit de croire cela, et la foi vient de Dieu.
— Et je pourrais le croire aussi, si la foi me venait de la même source. Quoi qu’il en soit, il me semble que je ne pourrai jamais admettre ce qui paraît impossible.
La discussion se prolongea longtemps, mais sans amener le résultat que Stimson aurait désiré, et que Marie avait tant à cœur.
On était arrivé au commencement du mois d’octobre, qui correspond à notre mois d’avril. Dans un climat tempéré, ces varia-