Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 28, 1850.djvu/291

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luge, et les pics des montagnes offrirent, pendant quelques heures, un aspect qui aurait humilié la chute du Niagara. Ces scènes sublimes se présentent quelquefois dans les solitudes de la terre ; il y a des phénomènes qui surpassent souvent en sublimité et en beauté les efforts les plus continus de la nature.

Le jour suivant la pluie ayant cessé, l’été sembla complétement de retour.

Comme la neige avait disparu aussi vite qu’elle était venue, tout le monde se mit en mouvement ; aucun homme de l’équipage n’était disposé à courir encore le risque de lutter contre le froid. Roswell lui-même pensait que le temps qu’on venait d’avoir à supporter n’était que le dernier effort de l’hiver, et Stimson était de son avis à cet égard. On enleva les voiles qui tapissaient les dehors de la maison, et l’on transporta à bord du schooner tous les objets qu’on voulait emporter. Notre jeune capitaine voulut savoir où en était dans l’île l’état de la température, et gravit la montagne la plus élevée, sur laquelle il s’arrêta à moitié chemin du sommet.

Il vit bientôt que le récent déluge avait balayé toute la glace et tous les morts dans la mer. Le corps de Dagget avait disparu avec l’amas de neige sous lequel il avait été enterré ; les vagues avaient emporté toutes les carcasses de veaux marins. En un mot, les rochers étaient aussi nus et aussi propres que si l’on n’y avait jamais vu un pied d’homme. D’après ce fait, qu’on avait trouvé des squelettes de veaux marins sur le rivage septentrional, Roswell dut conclure que le dernier orage avait été d’une violence extraordinaire.

Mais l’état des glaces était un point d’une haute importance. Le schooner pouvait facilement être prêt dans l’espace d’une semaine ; mais il se trouvait comme enseveli sous la neige, qui couvrait encore les eaux. Tandis que Roswell se trouvait sur la montagne qui dominait l’anse où était le schooner, il calcula la distance à laquelle il serait nécessaire de conduire le schooner sur la glace en sciant cette glace : cette distance était de cinq milles au moins. Il pensa alors à abandonner son vaisseau, et à s’embarquer dans les chaloupes, aussitôt que l’été aurait vraiment