Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 28, 1850.djvu/294

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La rapidité avec laquelle le petit schooner glissait devant un vent frais permit à nos chasseurs de veaux marins de se rendre compte de leur position.

— Que pensez-vous, monsieur Hasard ? demanda Roswell vers cinq heures de l’après-midi, au moment où le schooner approchait des côtés fumants du volcan, qui avait toujours été pour lui un objet d’intérêt, quoiqu’il n’eût pas eu le temps de le visiter. N’y a-t-il pas danger de toucher, étant aussi près de cette île ?

— Je ne crois pas, Monsieur ; il me semble que nous pouvons suivre hardiment la rive de l’île.

— Je ne désire guère échouer ici près du volcan, qui pourra nous étouffer de fumée avant que nous sachions où nous sommes.

— Cela n’est pas beaucoup à craindre avec le vent qu’il fait. Ces volcans ne sont après tout que des joujoux… Mais voici un craquement !

Tandis que Hasard se félicitait de la nature innocente du volcan, un bruit inattendu s’était fait entendre, et une longue traînée de cendres et de pierres s’élança dans les airs, accompagnée de flammes. Plusieurs pierres d’une certaine grosseur tombèrent près du schooner, et quelques-unes plus petites sur le pont du vaisseau.

— Il ne convient pas, s’écria Roswell, de faire bouillir ici notre pot. Il faut nous éloigner de cette île, monsieur Hasard, aussi vite que, ce schooner peut marcher.

— Je ne vois pas, Monsieur, quel obstacle nous arrêterait.

— Ah çà, qu’on ouvre l’œil, et qu’on cherche une passe à travers les petites îles qui sont devant nous. Je ne suis pas sans espoir que les courants qui existent au milieu des îles puissent nous offrir une issue de ce côté.

Ces paroles expliquaient précisément ce qui arriva. Le schooner s’avança, effleurant presque la base du volcan, et inspirant plus d’une fois de vives appréhensions à Roswell, car il s’attendait à chaque instant à voir le schooner toucher. Les craquements du cratère continuaient de se faire entendre, au milieu de tourbillons de flamme et de fumée. Une douzaine de fois, le Lion de Mer courut les plus grands dangers ; mais cette main qui s’était étendue