blement mis en pièces ou réduit en poudre dans le cours de deux ou trois heures. Il était donc de la plus haute importance de ne pas perdre un instant.
Le schooner avait pu continuer sa route dans le canal. Deux fois on avait été forcé de scier la glace. Cependant, à la fin de cette heure si terrible, le schooner avait fait un mille et demi et avait atteint un endroit de la côte ou le canal, formant une courbe, avait cinquante brasses de large. À deux heures, le Lion de Mer se trouvait au fond de la grande baie, à trois ou quatre lieues de l’anse, et à l’endroit où le cap le moins élevé commençait à s’étendre dans la direction du sud-ouest. Le vent était frais, et, au bout d’une demi-heure, le cap du sud-est apparut aux regards de nos marins, quelque près qu’ils fussent des rochers. Dix minutes après, le Lion de Mer voguait dans la direction du sud-est et de l’est dans des eaux libres de glace.
D’abord, Roswell Gardiner fut disposé à se réjouir, car il put croire un instant qu’il avait triomphé des plus grands obstacles ; mais, en regardant autour de lui, il revint à des sentiments d’humilité.
Quoiqu’il y eût à peine une plaine de glace au sud des îles qu’il venait de quitter, et dans leur voisinage immédiat, il y avait encore une multitude de montagnes de glace.
Il est vrai que ces montagnes flottantes n’approchaient pas du canal ; cependant il y en avait toute une flotte qui bloquait les îles aussi loin que le regard pouvait s’étendre vers l’ouest et le sud, ou le long de la côte méridionale. Il fut bientôt certain que le schooner ne pouvait affronter de tels dangers. Si le vent avait été favorable, on aurait pu triompher de la difficulté ; mais il n’en était pas ainsi. Il fallut donc chercher d’autres moyens de salut.
On avait à choisir entre deux alternatives la première était de tourner le groupe d’îles, en passant à l’est du volcan où aucun homme d’équipage n’avait encore été et la seconde était de suivre le bord oriental de la baie en se tenant dans l’intérieur de cette baie, et en cherchant à trouver quelque issue par laquelle le schooner pourrait passer au nord. Après avoir tenu conseil avec ses officiers mariniers, Roswell adopta le second parti.