Un mot encore, avant qu’il soit lu. Vous avez dit, je crois, Josy, que le défunt avait peur, quand il a signé le testament ; peut-être je n’aurai rien à dire de cette peur, quoiqu’un acte signé par un homme qui a peur ne soit pas un acte.
— Mais ce n’était point du tout le cas, monsieur Job, dit Baiting Joe ; il n’a pas signé l’acte parce qu’il avait peur, mais il avait peur parce qu’il l’avait signé.
— Lisez le testament, capitaine Gar’ner, si vous l’avez, dit M. Job Pratt d’un ton décidé. Il est convenable que nous sachions qui est exécuteur testamentaire. Amis, voulez-vous faire silence pour un moment ?
Au milieu d’un silence de mort, Roswell Gardiner commença à lire ainsi qu’il suit :
« Au nom de Dieu, amen. Moi, Ichabod Pratt, de la ville de Southhold, du comté de Suffolk, et de l’État de New-York, me trouvant faible de santé, mais sain d’esprit, déclare que ceci est mon testament.
« Je laisse à ma nièce, Marie Pratt, fille unique de feu mon frère Israël Pratt, tous mes biens, quels qu’ils soient, et quelque part qu’ils se trouvent, pour être possédés par elle et ses héritiers.
« Je laisse à mon frère Job Pratt un cheval à choisir parmi ceux que je laisserai, en compensation de l’accident qui est arrivé à un de ses chevaux dont je m’étais servi.
« Je laisse à ma sœur Jane Thomas le grand miroir qui est suspendu dans la chambre à coucher de l’est de ma maison, et qui autrefois appartint à notre bien-aimée mère.
« Je laisse à la veuve Catherine Martin, ma cousine, la grosse pelote qui se trouve dans ladite chambre de l’est, pelote qu’elle avait l’habitude de beaucoup admirer.
« Je laisse à ma dite nièce, Marie Pratt, fille unique de mon frère Israël Pratt, tous les biens qui sont en ma possession, ou auxquels j’ai légalement droit, y compris argent, vaisseaux, produits agricoles, meubles, habits, et toute espèce de propriété.
« Je nomme Roswell Gardiner, maintenant absent, seul exécuteur de mes dernières volontés, pourvu qu’il soit de retour six mois après mon décès, et s’il ne revient pas dans ce délai de six