dit le nègre à tête grise, qui avait été esclave, et qui gagnait sa vie en travaillant pour la maison.
— Baiting Joe ! j’espère qu’il ne vient pas redemander son Sheep’s head ; ce serait un peu tard, dit Roswell en riant.
— J’ai donné à Joe son demi-dollar ; vous m’avez vu le payer, capitaine Gar’ner ?
— Je ne crois pas que ce soit cela, maître. Il y a avec Joe un étranger qu’il vient d’amener, et qu’il a débarqué sur le quai. Mais le voilà, maître.
— Un étranger ! Qui pouvait-ce être ?
L’ordre fut donné de l’admettre, et à peine Marie l’eut-elle aperçu, qu’elle se leva doucement pour lui donner une assiette, afin qu’il eût sa part du poisson.
CHAPITRE V.
n amphibie ! s’écria Roswell Gardiner, dans un aparté
en s’adressant à Marie, lorsque l’étranger entra conduit par Baiting
Joe. Ce dernier ne venait que pour avoir son verre d’eau et
de rhum ; et dès que le nègre le lui eut donné, il s’essuya la bouche
avec le dos de la main, salua et sortit. Quant à l’étranger,
l’expression dont s’était servi Roswell Gardiner était très-significative ;
elle mérite une courte explication.
Le mot d’amphibie est ou était appliqué à un grand nombre de marins, pêcheurs de baleines ou chasseurs de veaux marins, habitant l’extrémité orientale de Long-Island, le Vineyard, les environs de Bonington et peut-être le voisinage de New-Bedford.
La classe d’hommes auxquels cette dénomination pouvait strictement convenir étaient matelots, sans être marins dans le sens