bord d’un vaisseau baleinier qui n’a jamais pu se débarrasser d’un voisin curieux.
— On ne fait pas ainsi des armements au hasard ; ces gens du Vineyard savent aussi bien que-nous où ils vont, peut-être mieux.
— Ils ont une grande confiance dans le chef, capitaine Gar’ner, et je puis vous assurer qu’à cet égard il n’y a parmi eux qu’une opinion.
— Quelle opinion, monsieur Hasard ?
— Qu’une part dans cette expédition vaudrait une part et demie dans tout autre schooner d’Amérique ! Les matelots se décident en général d’après le talent et le bonheur du capitaine qui doit les commander. J’en ai connu qui n’auraient pas voulu s’embarquer avec les meilleurs capitaines qui aient jamais dirigé un navire, s’ils n’avaient pas cru qu’ils fussent aussi heureux qu’habiles.
— Oui, oui, le bonheur ! Ces gens-là se soucient peu de la Providence. Eh bien, j’espère que le schooner ne trompera ni l’espoir de notre équipage, ni celui de son capitaine ; mais quand il s’agit de la pêche à la baleine et de la chasse des veaux marins, on peut être déçu dans ses plus flatteuses espérances.
— Oui, oui, Monsieur ; cependant le capitaine Gar’ner s’est fait un nom, et l’on y mettra sa confiance.
Notre jeune capitaine ne pouvait entendre qu’avec plaisir de telles paroles, au moment où la concurrence d’un schooner rival le poursuivait au milieu des mers.
Vers le soir, le vent tomba, et, après avoir échangé les compliments d’usage entre marins, Roswell Gardiner fit mettre une chaloupe à la mer et alla rendre visite au capitaine de l’autre schooner.
Chacun de ces petits vaisseaux était bien pourvu de chaloupes, et de celles dont se servent ordinairement les vaisseaux baleiniers. Un vaisseau baleinier se termine en pointe aux deux bouts ; on le dirige avec deux avirons au lieu d’un gouvernail ; il est léger et peut résister au choc des vagues, et il est facile de le diriger. Lorsqu’on pense qu’une de ces petites coques, petites comme vaisseaux, quoique d’une assez grande dimension comme