Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/107

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hamacs dans le chantier, afin d’être plus à proximité de leur travail.

Marc fut éveillé de grand matin par le bruit que faisait le vent dans les agrès, bruit auquel il n’était plus accoutumé, et qui, dans le premier moment, ne lui fut pas désagréable. S’habillant à la hâte, il alla sur le pont, et il vit qu’une véritable tempête était au-dessus de leurs têtes. Il n’avait jamais rien vu de pareil sur l’océan Pacifique. La mer était violemment agitée, les lames venaient déferler sur le Récif avec une force et une impétuosité qui semblaient ne tenir aucun compte des obstacles. Le jour commençait à poindre, et Marc alarmé appela Bob.

L’aspect des éléments n’était rien moins que rassurant, et dans le premier moment, les deux marins eurent des craintes sérieuses pour la sûreté du bâtiment. Les blocs de lave qui protégeaient le bassin résistèrent bien au choc des vagues qui les atteignaient ; mais quoique brisées par cet obstacle, elles n’en arrivaient pas moins jusqu’au navire avec une violence qui donnait au câble une tension extraordinaire. Heureusement l’ancre mordait fortement le fond, qui était excellent. D’ailleurs la conservation du bâtiment n’avait plus pour eux qu’un intérêt secondaire. Certes, il leur eût été pénible de voir le Rancocus se briser contre les rochers ; mais le sort de la pinasse avait une bien plus grande importance à leurs yeux, et ils ne pouvaient être indifférents aux dangers qui la menaçaient. Les lames avaient à peine replié leurs sommets sur elles-mêmes, qu’elles se relevaient plus courroucées, et déjà elles commençaient à envahir les parties basses du Récif, qui semblait menacé d’une inondation générale.

Une quantité d’objets de différentes natures avaient été laissés sur la côte, et il était urgent de les mettre en sûreté. Malgré ses projets de départ, Marc se hâta de transporter tout ce qu’il pouvait dans l’intérieur du Cratère. À l’extérieur, la mer faisait des progrès de plus en plus rapides ; et les porcs, par la manière dont ils couraient çà et là dans une agitation extrême, et par leurs grouillements, témoignaient qu’ils avaient aussi l’instinct