Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/174

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vait révoquer en doute sa véracité, et elle fondit en larmes en pensant à la position du pauvre Marc.

Mais Brigitte ne tarda pas à essuyer ses yeux, et après avoir puisé des forces et du courage dans la prière, elle résolut d’aller elle-même à la recherche de son mari. En même temps, pour couper court à toutes ces espérances de séparation dont se berçait son père, elle se décida à prendre ses dispositions pour pouvoir rester avec Marc dans son île, et, au besoin même, y passer le reste de ses jours. Bob avait peint sous les plus brillantes couleurs les charmes de la résidence et la beauté du climat et il promit à cette épouse fidèle de l’accompagner. Le jeune M. Heaton et sa femme furent naturellement les premiers confidents de Brigitte, et non-seulement ils l’approuvèrent, mais ils se montrèrent disposés à être de la partie. Ce n’était point ses malades que John pouvait regretter, il n’en avait pas ; il aimait les aventures, il serait charmé de voir de nouveaux pays. Anne était toujours prête à faire ce qui plaisait à son mari ; pour lui elle eût été à l’extrémité de la terre, comme Brigitte y allait pour son cher Marc. Le projet fut discuté et adopté presque aussitôt ; il ne fut plus question que des moyens de le réaliser.

John Heaton avait un frère qui résidait à New-York, et il allait souvent le voir. C’était précisément dans cette ville que Brigitte avait placé les cinq mille dollars dont elle avait hérité ; elle obtint facilement la permission d’accompagner Anne dans ce petit voyage. Un bâtiment allait appareiller pour la côte nord-ouest ; des passages y furent arrêtés en secret. Les achats nécessaires furent faits et envoyés à bord. Au moment de partir, des lettres d’adieux, conçues dans les termes les plus convenables, furent expédiées à Bristol : Bob était déjà à bord, où il avait été rejoint par Socrate, Didon et Junon, qui s’étaient échappés de la maison par ordre de leur jeune maîtresse, et par une certaine Marthe Waters. C’était une ancienne connaissance de Bob, de la secte des Amis comme lui, et qu’il avait souvent rencontrée autrefois dans les « assemblées. » Bob, depuis son retour, s’était singulièrement humanisé à l’endroit du mariage, et l’Amie