Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/176

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Oonoory reçut un fusil et quelques munitions en récompense de sa fidélité. Aucun présent ne pouvait lui être plus agréable ; il équivalait pour lui à une armée permanente, et une question de prééminence qui était débattue depuis longtemps entre lui et un autre chef, se trouva par ce seul fait tranchée tout à coup en sa faveur. Un nouvel arrangement fut conclu pour le transport de la colonie à l’île Rancocus. Bob avait si bien observé la direction suivie dans sa première traversée, qu’il n’eut pas de peine à faire son atterrage.

Si les naturels qui conduisaient les canots avaient été surpris de voir des vaches et des chevaux, l’aspect de l’île Rancocus ne fut pas pour eux un moindre sujet d’étonnement. Jusqu’alors aucun d’eux ne savait même ce que c’était qu’une montagne. Les îles qu’ils habitaient étaient très-basses, en dehors des terrains volcaniques : c’étaient de simples bancs de corail et une colline était pour eux un phénomène.

Heaton et Bob jugèrent prudent de les congédier sans les mener plus loin. Ils ne se souciaient pas de leur faire connaître l’existence et la position du Récif, ne sachant pas encore assez quel fond ils pouvaient faire sur leurs nouveaux amis. Ce n’était pas que la nouvelle montagne ne fût, sous beaucoup de rapports, très-préférable au Récif, tel qu’il était du moins à l’époque où Bob l’avait quitté. Les arbres fruitiers y étaient en abondance comme au Pic de Vulcain ; mais au Pic ils étaient meilleurs, les pâturages étaient plus gras, et la plaine était d’un accès plus facile.

Il était impossible de songer à repartir tous ensemble : la Neshamony n’aurait pu contenir les voyageurs avec toutes les provisions. Il y avait une autre considération : mistress Heaton venait d’accoucher ; son mari ne pouvait songer à la quitter, et la présence de Brigitte n’était pas moins utile. Il fut donc décidé que Bob commencerait par aller seul à la découverte.

On n’a pas oublié qu’il était hors d’état de calculer d’une manière précise où était le Récif ; seulement il était convaincu que c’était du côté du vent, et dans un rayon de cent milles. En se