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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/22

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moi ! Le plus beau jour de ma vie sera celui où je pourrai m’embarquer à bord d’un bâtiment commandé par le capitaine Marc Woolston. C’est moi qui lui ai appris à mordre dans un biscuit de mer, et c’est que, dès le premier jour, il s’en acquittait, joliment. Voyez-le donc haler sur un câble ! quel gaillard ! Et dire qu’il n’y a pas plus de deux ans, on eût cru qu’il allait s’évanouir à l’odeur du goudron ! — Ici Bob brodait un peu ; car jamais Marc n’avait eu de ces délicatesses. Il répondait cordialement à l’attachement de Bob, et c’était une véritable paire d’amis.

Quoiqu’il n’y eût, avec le ministre, que deux témoins du mariage, Bob Betts et Marie Bromley, on n’en dressa pas moins deux contrats en bonne forme, dont l’un fut remis à Marc, qui l’enferma dans son secrétaire, et l’autre à Brigitte, qui le cacha dans son corset. Cinq minutes après la cérémonie, on se sépara ; les deux jeunes filles retournèrent chez elles, le ministre retourna à ses affaires, et les deux marins restèrent sur le pont du bâtiment. Bob n’ouvrit pas la bouche, tant qu’il vit les yeux du jeune mari fixés sur la taille légère de Brigitte, qui descendait rapidement le quai, accompagnée de sa jeune amie. Mais Brigitte n’eut pas plus tôt disparu à leurs regards, qu’il crut convenable de placer un mot.

— Voilà une goélette une voilière et joliment arrimée, monsieur Woolston dit-il en tournant une chique dans sa bouche ; un de ces jours ce sera une fameuse frégate à commander.

— C’est elle qui est et qui sera toujours mon capitaine, Bob, répondit Marc. Mais pas un mot de ce qui vient de se passer, n’est-ce pas ?

— Oh ! bien oui ! c’est Bob qui irait consigner sur le livre de loch de quoi faire caqueter toutes les commères du voisinage, comme autant de guenons qui auraient trouvé un sac de noix ! Mais qu’est-ce que le ministre voulait donc dire en marmottant : « Je te donne tous mes biens en ce monde ; » est-ce que vous allez être plus riche ou plus pauvre ?

— Ni l’un ni l’autre, répondit Marc en souriant. Je reste juste