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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/271

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la mort d’Ooroony et les derniers événements. C’était le matin même du jour où la rencontre venait d’avoir lieu. L’équipage de la Sirène se composait du capitaine Saunders, de Bigelow, du cuisinier et du cambusier, ainsi que de deux hommes qu’on avait engagés à Canton, et dont l’un, Chinois de naissance, n’était bon à rien. C’étaient ces deux malheureux, qui, étant de vigie, et s’étant enivrés, avaient laissé approcher une flotte de canots ennemis dans l’obscurité ; ils avaient payé de leur vie leur défaut de vigilance, car, premières victimes de la fureur des sauvages, ils avaient été massacrés et jetés par-dessus le bord. Le reste de l’équipage dut la vie au sommeil dans lequel il était plongé, et les ennemis les épargnèrent, n’ayant pas à redouter leur résistance. Au jour, le câble du brick fut coupé, les voiles établies à leur manière, et les sauvages se mirent en devoir de conduire leur proie au Groupe de Betto. Dieu sait quel eût été le sort du malheureux équipage, sans l’apparition fortuite du Rancocus !

Saunders ne pouvait rien dire de plus sur les projets des sauvages. Il avait été garrotté et tenu tout le temps à fond de cale ; il ne pouvait donc évaluer le nombre des canots ennemis. Cependant il pensait que la Sirène avait été attaquée par une très-petite portion des forces de Waally, commandée par ce chef en personne. Par quelques mots recueillis durant sa captivité, le capitaine Saunders avait cru comprendre que le reste des sauvages s’était engagé dans le canal, guidés par l’intention de pénétrer jusqu’au Cratère. Socrate, Uncus et Wattles y résidaient avec leurs femmes et leurs familles ; et la Sirène, en partant, n’y avait pas laissé d’autres défenseurs. Lorsque le Rancocus avait quitté le Récif, quelques habitations y avaient été construites, et même, au Sommet, on avait élevé une maison d’assez belle dimension. Ces constructions, il est vrai, n’étaient pas tout à fait terminées, mais elles avaient une valeur inestimable pour des hommes dans la situation des colons. De plus, dans la prairie aux mille acres d’étendue, les porcs labourant par-ci, fouillant par-là, erraient à l’abandon. Socrate, de temps à autre, leur menait