Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/278

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apporter au pied du Cratère. Bob soupçonna cette sortie ; aussitôt il chargea une caronade à mitraille, et la pointa sur la principale pile de bois. À peine les sauvages parurent-ils, qu’il alluma sa mèche, et lorsqu’ils furent tous réunis autour de la pile, il fit feu. Une douzaine d’Indiens tombèrent, et le reste disparut, comme, la poussière balayée par le vent.

En ce moment, un cri, répété par les sentinelles du Sommet, signala l’arrivée du Rancocus. Sans aucun doute, le gouverneur avait entendu le coup tiré du Cratère, car il y répondit aussitôt, encourageant les assiégés par ce signal. Une minute après, un troisième coup se fit entendre du côté de l’ouest, et Bob aperçut les voiles de la Sirène au-dessus des pointes des rochers. Il est presque inutile d’ajouter que le bruit de l’artillerie et la vue des deux bâtiments détruisirent tous les plans de Waally, qui commença une seconde retraite, refoulant sa rage au fond de son cœur.

La retraite de Waally fut, sinon digne, du moins heureuse. À un signal donné, les sauvages se jetèrent à la mer et traversèrent de nouveau le bassin. Bob pouvait mitrailler les fuyards, et en détruire un grand nombre, mais il avait horreur de répandre le sang inutilement. Cinquante hommes de plus ou de moins n’eussent rien changé au résultat, leur retraite étant chose décidée. Les Indiens purent donc quitter le Récif, emportant leurs morts et leurs blessés, au moyen du pont qu’ils trouvèrent moyen de rétablir.

Toutefois, il avait été facile à Waally de regagner ses canots, mais par quelle route sortir des eaux du Récif ? À l’ouest la Sirène lui coupait la retraite, au nord le Rancocus venait toutes voiles dehors. Pour sortir à l’est où au sud, il fallait passer sous le feu du Récif, et de plus, courir la bouline entre le Cratère et le Rancocus. À la présence d’un pareil danger, Waally eut la pensée de se rendre, ne voyant aucun moyen de tirer sa flotte de cette mauvaise passe. Cependant, en prenant le vent, et nageant vivement de leurs pagaies, ils pouvaient parvenir à éviter les deux bâtiments qui ne sauraient les poursuivre dans