Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/279

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d’aussi étroits canaux. Les sauvages entrevirent ce moyen de salut, et firent un violent effort pour gagner l’est. Bob les laissa passer sans les inquiéter, bien qu’ils fussent à une demi-portée de la batterie. Heureusement encore pour eux, lorsque le Rancocus arriva, ils étaient parvenus à l’endroit d’où ce bâtiment avait été pour la première fois conduit au Récif par les moyens ingénieux imaginés par Marc et par Bob.

Ce dernier vint à la rencontre du gouverneur pour lui exposer ses opérations. Le danger était éloigné, et Woolston n’était pas fâché de n’avoir pas eu besoin d’avoir recours à ses batteries pour que le succès fût complet. Le bâtiment fut amarré à l’un des quais naturels, et tous les passagers se précipitèrent en foule à terre, dès qu’une planche put être placée pour leur faciliter la descente. En une heure les vaches furent débarquées et prirent possession de leurs pâturages au Cratère, où l’herbe venait jusqu’au genou ; tout ce qui avait vie fut bientôt à terre, à l’exception des rats et des vers qui avaient élu domicile dans les flancs du bâtiment. Quant aux ennemis, on n’y pensait plus. Un homme, monté dans les vergues, annonça qu’on les voyait s’éloigner rapidement, et qu’ils étaient déjà trop loin pour qu’on pût conserver quelque inquiétude. Il eût été facile cependant aux deux bâtiments de leur donner la chasse ; mais tout le monde était trop content d’en être débarrassé pour songer à aller les rejoindre.

Ce fut une grande joie pour les colons de mettre le pied sur la terre ferme. Dans des circonstances ordinaires, le Récif, le Cratère, le Parc aux Porcs, n’auraient pas eu des charmes excessifs pour les émigrants ; mais il n’y a rien de comparable à une traversée de cinq mois pour embellir les sites les plus stériles. Le reproche de stérilité ne pouvait plus s’appliquer aux îles dont nous parlons, et surtout aux parties déjà livrées à la culture par les colons. Les arbres commençaient à être en grand nombre, on en avait planté des milliers, les uns pour leurs fruits, les autres pour leur bois, quelques-uns pour leur ombrage seulement. Socrate, pour sa part, avait planté de sa main plus de