Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/286

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qui s’offrait à ses yeux ! L’art, il est vrai, n’avait point apporté là ses ressources ingénieuses et variées, mais les dons de la Providence et les beautés de la nature s’étalaient avec une richesse qui confondait l’imagination ! Ce mélange admirable de douceur dans le ciel, et de magnificence sur la terre, formait un ensemble qu’ils n’avaient trouvé dans aucune partie du globe ; chacun se crut soudain transporté au milieu du paradis terrestre.


CHAPITRE XXII.


Ce sont des hommes, dites-vous ?
Ils ont donc un cœur comme nous.
Byron



Au point où était arrivée alors la colonie, il s’agissait de procéder avec méthode et avec prudence. Il y avait à établir certains grands principes sur lesquels le gouverneur avait longtemps médité, et qu’il était décidé à appliquer, quoiqu’il s’attendît à quelque résistance. Il redoutait, du reste, plutôt des tracasseries qu’une opposition sérieuse. Les hommes aiment le changement, la moitié du temps sans savoir pourquoi, et souvent, cette mobilité leur fait perdre des avantages qui ne sont tels, précisément, que par la durée.

Jusqu’alors, à l’exception de quelques privilèges accordés au gouverneur par égard pour sa position plus encore que pour son droit, tout ce qui tenait à l’agriculture dans la colonie avait été possédé en commun. Mais le bon sens de Marc lui montra qu’un tel état de choses ne pouvait ni ne devait exister plus longtemps. Les théories, si à la mode de nos jours, sur les bienfaits de l’association, étaient alors peu connues et ne trouvaient guère de crédit. La société, telle qu’elle est légalement constituée, est tout ce qu’il faut, en fait d’association, pour tout ce lui est utile, et le gouverneur ne voyait pas la nécessité d’ajouter une roue à une autre roue. Il voulait bien que l’on s’aidât