Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/305

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de cette île, située à l’extrémité de la rade, et il avait traité avec le conseil pour obtenir l’échange de ce terrain contre sa part de terres au Récif. L’arrangement avait été conclu ; et depuis quelques mois, il y était établi avec trois ou quatre de ses parents ou amis, formant, si l’on peut s’exprimer ainsi, une sous-colonie, dépendante de la colonie du Récif. Comme cette position était exposée de toutes parts, on construisit une sorte de forteresse en pierre, capable, en cas d’invasion, de recevoir tous les habitants, et on l’entoura en outre, d’une palissade destinée à la protéger contre un assaut. Le gouverneur avait envoyé une pièce de campagne : en sorte que la petite colonie pensait pouvoir résister à une attaque, défendue comme elle l’était par onze combattants.

Les nouveaux venus, comme de juste, trouvèrent tout charmant. Les récoltes leur parurent magnifiques, car, grâce au mélange du limon et du sable, la végétation tenait du prodige. Il n’y avait pas encore d’arbres, il est vrai, mais les piquets ou les palissades, étant des branches de saule, avaient pris racine, et promettaient de former bientôt autour de la maison une ceinture de feuillage. Une cinquantaine d’acres avaient été mises en culture, et les récoltes avaient déjà une belle apparence.

Le gouverneur envoya l’Anna avec ordre de faire préparer aux émigrants des logements à la Maison coloniale, assez grande pour les recevoir tous. Quant à lui il attendit, avec le Rancocus, que la Jeune Poule fût arrivée. Alors il monta abord du brick et jeta un coup d’œil sur la cargaison. Saunders, en homme sage et sensé, avait bien compris que le plus important pour la colonie était d’augmenter son bétail ; aussi avait-il embarqué le plus de vaches et de juments qu’il avait été possible. Il amenait vingt-cinq de ces dernières et vingt vaches ; toutes achetées à Valparaiso. Les vents avaient été favorables, et les animaux n’avaient point eu à souffrir de la traversée ; seulement, la longueur du voyage ayant dépassé toutes prévisions, le fourrage était venu à manquer, et les pauvres bêtes, lors-