Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/312

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dégrée et mis en état pour son nouveau service. Il fut placé le long d’un des quais naturels, devant lequel on établit des hangars pour protéger le magasin contre les chaleurs du climat.

La Jeune Poule, brick solide, avec un vaste pont, une mâture forte et de bons agrès, fut équipée en baleinier ; l’Anna devait marcher de conserve. Cinq chaloupes baleinières furent munies des équipages nécessaires, deux restèrent avec l’Anna et les trois autres furent placées à bord du brick. On embarqua bon nombre de Kannakas, qui étaient d’infatigables rameurs, et une vingtaine d’enfants de la colonie de huit à seize ans, pour les habituer à la mer ; on n’était pas en peine de les utiliser.

L’intérêt de toute la colonie était excité par le départ de la Jeune Poule et de l’Anna. Presque toutes les femmes sœurs, filles ou fiancées des pêcheurs, auraient bien voulu les accompagner ; l’élan était si spontané que le gouverneur se décida à emmener à bord de la Sirène autant de passagers des deux sexes qu’il pourrait en embarquer pour faire une excursion de quelques jours, et assister aux succès de leurs amis dans leur nouvelle entreprise. Bob suivit sur la Marthe, et l’Abraham aussi fut de la partie ; quant à la Neshamony, elle fut envoyée sous le vent pour servir d’éclaireur de ce côté et avoir l’œil sur les naturels dans le cas où ceux-ci profiteraient de l’absence d’une centaine des défenseurs du Cratère. Il est vrai que ceux qui restaient à la colonie étaient bien en état de repousser Waally et sa bande ; mais l’homme est ainsi fait : lorsqu’il n’y avait que vingt hommes à la colonie, on se croyait bien forts, et maintenant que les colons étaient dix fois plus nombreux, ils prenaient des précautions inusitées.

Tout étant prêt, l’expédition mit à la voile ; le gouverneur montait la Sirène, ayant à bord une quarantaine de femmes, parmi lesquelles se trouvaient Brigitte et Anne. Les bâtiments sortirent par les passages du sud. Cette marche avait pour but de prendre plus facilement le vent en gagnant la pleine mer entre le Cap Sud et le Pic, au lieu de passer par les étroits ca-