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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/337

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où plusieurs bâtiments se réunissaient pour commettre plus sûrement leurs déprédations. Les hommes d’équipage que voyait Bigelow étaient évidemment de différentes races, bien que la plupart des officiers parussent Européens, du moins d’origine.

Bigelow mit une grande réserve dans ses réponses, si grande même que ceux qui l’interrogeaient en témoignèrent de l’humeur. Quand on lui parla du Pic, il prit un air de grand mystère, et dit qu’il n’y avait que les oiseaux du ciel qui pussent y pénétrer ; que quelquefois on entendait des coups de tonnerre qui semblaient sortir de ses flancs, mais que jamais on n’avait pu y aborder. Ces renseignements ne parurent pas exciter la méfiance à laquelle il s’était attendu ; on les lui fit répéter, et on parut ajouter foi à ses paroles. Encouragé par ce succès, le pauvre garçon voulut renchérir encore quand il fut question du Récif, et il allait s’embarquer dans des histoires sans fin, lorsqu’on l’arrêta tout court, en lui disant tout net qu’il mentait. Il fut aussitôt mené quelques pas plus loin, et il se trouva en présence de Waally !

Bigelow n’eut pas plus tôt reconnu les traits sombres du chef, qu’il sentit que toute feinte serait inutile, et il eut recours à un système tout-opposé. Il se mit à tout exagérer, le nombre et la force des bâtiments, qu’il désignait par leurs noms, noms presque toujours véritables ; mais de simples chaloupes il faisait des vaisseaux et, à l’en croire, la colonie pouvait rassembler deux mille combattants. Le commandant, qu’on appelait l’amiral, ne parut pas ravi de cette communication et se tournant vers Waally, il lui demanda si c’était vrai. Waally ne sut trop que répondre. Il avait entendu dire que les colons étaient beaucoup plus nombreux qu’autrefois, mais sans qu’il sût précisément combien ils avaient de guerriers. Ce dont il était sûr, c’est qu’ils étaient immensément riches, et surtout qu’ils avaient assez de matériaux pour construire autant de bâtiments qu’ils en voudraient. C’était surtout cette dernière circonstance qui avait enflammé la cupidité des pirates.

L’amiral ne jugea pas nécessaire de pousser plus loin ses