Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/344

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avec la terre. Aucune voile ne pouvait approcher de la côte sans être vue de loin, et Bigelow connaissait si bien tous les canaux qu’il pourrait non-seulement rentrer, dès qu’il le voudrait, mais encore répandre dans tout le groupe des îles les renseignements qu’il pourrait recueillir sur la marche et sur les intentions des pirates.

Au lieu du rendez-vous, le gouverneur trouva tous ses bâtiments réunis, à l’exception de la Neshamony qui n’avait pas encore reparu. Les rapports qui lui furent faits étaient toujours les mêmes : on n’avait pas vu les étrangers. Une chaloupe qui revenait du Cratère, assura qu’on ne les avait signalés nulle part, et que les colons continuaient avec ardeur leurs préparatifs de défense. Marc ne savait qu’imaginer, et ce profond mystère qui enveloppait les opérations de ses ennemis l’inquiétait profondément. Il brûlait d’aller à leur rencontre, et maintenant ce n’était que du côté sous le vent qu’il pouvait attendre des nouvelles. La Neshamony ne pouvait pas tarder à rentrer, et la Marthe ne devait plus être loin. Si Marc était inquiet, c’était parce qu’il supposait que quelques-uns des Kannakas qui avaient été employés par les colons, pouvaient être avec Waally. Ils connaissaient tous les tours et détours des canaux, ainsi que la profondeur de l’eau dans chaque passe ; et si ce n’étaient point de bien sûrs pilotes, ils pouvaient du moins donner des renseignements à l’aide desquels des mains habiles sauraient se diriger à travers les îlots. Alors les pirates pourraient fondre à l’improviste sur différents points, et tout balayer devant eux. Malgré les précautions que le gouverneur avait prises pour faire surveiller toutes les passes, il ne pouvait se défendre des plus vives appréhensions.

Enfin il se crut au moment de voir cesser ses incertitudes. On signala en même temps la Marthe et la Neshamomy ; et, au bout d’une demi-heure, les capitaines venaient faire leurs rapports, qui n’étaient guère plus concluants que les autres. La Neshamony arrivait de l’île Rancocus : les pirates n’étaient pas restés longtemps après le départ de Bigelow et de ses compagnons. Ayant