Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/364

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Le journal proposa un beau matin de convoquer une Convention pour améliorer et changer la loi fondamentale. La loi contenait une clause spéciale pour indiquer le mode d’après lequel des changements, pourraient être faits à la Constitution : il fallait le consentement du gouverneur, du conseil, et, finalement, du peuple. C’était une marche lente et solennelle, pour donner à chacun le temps de réfléchir à ce qu’il faisait, pour éviter que, sous prétexte d’améliorations, on n’en vînt à une révolution complète. Mais c’était précisément une révolution que les mécontents voulaient, puisque c’était pour eux le seul moyen d’avoir des places. Il ne s’agissait que de s’assurer la majorité. Or ils savaient très-bien comment la minorité-clique parvient à l’emporter sur la majorité-principe, et voici comment ils s’y prirent pour assurer leur succès.

Toute la colonie était divisée en paroisses qui exerçaient quelques-unes des attributions secondaires du gouvernement, et qui avaient un pouvoir législatif restreint. Ces sections furent appelées à voter, par oui ou par non, s’il y avait lieu de convoquer une Convention pour amender la Constitution. Un quart des électeurs se rendit à ces assemblées primaires ; tous les autres s’abstinrent, regardant la mesure non-seulement comme illégale, mais comme dangereuse. Sur les dix sections, il y en eut six où il y eut deux voix de plus en faveur de la proposition. Il n’en fallut pas davantage pour décider que la majorité voulait la révision. Aussitôt ces premiers élus se mirent à élire les membres de la Convention. Il ne se présenta qu’un tiers des lecteurs, difficulté qui n’arrêta pas plus que la première fois les fougueux démagogues. La majorité avait prononcé ! À l’abri de ces principes tutélaires, les représentants d’une minorité évidente se réunirent en Convention et établirent une loi fondamentale entièrement nouvelle qui renversait de fond en comble la précédente. Pour se débarrasser sûrement du gouverneur, qui eût encore réuni plus de suffrages qu’aucun autre, on fit un article spécial pour établir que personne ne pourrait remplir ces fonctions plus de cinq ans de suite. C’était mettre