Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/365

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M. Marc Woolston en dehors de l’élection nouvelle. Deux corps législatifs furent formés ; l’ancien conseil fut dissous ; enfin toutes les mesures que la ruse la plus fine put suggérer furent mises en avant pour faire passer le pouvoir dans de nouvelles mains. C’était là l’unique but de toutes les menées des démagogues.

Quand la nouvelle Constitution fut achevée, elle fut soumise à l’approbation du peuple. À ce troisième appel, un peu moins de la moitié de tous les électeurs votèrent, les autres s’abstenant toujours par le même principe, et la Constitution fut adoptée par une majorité d’un tiers environ. Par ce simple et charmant procédé républicain, le principe du règne des majorités fut établi, un nouveau pacte fondamental fut donné à la colonie, et tous ceux qui étaient en place, furent mis à la porte. C’est toujours là le dernier mot comme la clef de toutes les révolutions.

Des élections générales suivirent l’adoption de la nouvelle Constitution. Pennock fut nommé gouverneur pour deux ans ; l’homme de loi fut nommé juge ; l’éditeur, secrétaire d’État et trésorier. Toute la famille Woolston fut complètement mise de côté. Ce fut moins le fait des électeurs, auprès desquels elle était encore populaire, que celui des comités dirigeants. Ces comités sont encore une des inventions les plus merveilleuses pour diriger ou plutôt pour déplacer les majorités. Mais c’est un procédé trop connu pour que nous croyions nécessaire d’en expliquer le mécanisme.

Ce fut de cette manière qu’une grande révolution s’accomplit dans la colonie du Cratère. Si le gouverneur eût voulu employer la force, il lui eût été facile de faire taire toute cette meute criarde. Les Kannakas lui étaient tous dévoués, et même, à bien dire, la majorité des électeurs. Mais il se soumit à tous ces changements, par amour de la paix, et il consentit à n’être qu’un simple citoyen là où il avait tant de droits à occuper le premier rang. Certes, jamais souverain sur son trône ne put, à plus juste raison que Marc Woolston, écrire, devant son titre