Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/369

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comme s’ils avaient voulu manifester leur mécontentement du renversement de l’ancien ordre de choses.

Au bout d’un mois les deux bâtiments étaient prêts. Avant de quitter des lieux qui lui étaient chers à tant de titres, Marc Woolston voulut leur rendre une dernière visite, non plus comme fonctionnaire, mais comme simple particulier. L’Anna lui fut prêtée à cet effet par le nouveau gouverneur, qui n’oublia pas de stipuler une indemnité convenable en faveur de l’État. Marc commença par l’île Rancocus. Le dommage causé par les pirates avait été réparé depuis longtemps, et les moulins, les fours à chaux, etc., étaient en pleine activité.

Une semaine fut consacrée visiter le groupe d’îles. Ceux des habitants qui se reprochaient de n’avoir pas pris la défense de leur bienfaiteur, éprouvaient une gêne maladroite, ou se confondaient en excuses plus maladroites encore. En somme, Marc n’eut pas beaucoup à se louer de son excursion, sous le rapport de ses relations avec les personnes ; mais la nature se chargea de le dédommager amplement. Partout les canaux étaient bordés d’arbres vigoureux ; les progrès de l’agriculture annonçaient un état de civilisation déjà avancés ; des haies toutes parsemées de fleurs divisaient les champs, et ce n’étaient partout que plaines labourées ou que riches pâturages.

C’était au Récif que s’étaient opérés les plus grands changements. La ville ne comptait pas alors moins de deux cents maisons, et la population dépassait cinq cents âmes. C’était peu en proportion des habitations, mais il faut remarquer que les enfants étaient encore en petit nombre.

Si l’on ne savait pas jusqu’où l’égoïsme et l’intérêt peuvent pousser les hommes, on ne croirait jamais que la propriété du Cratère fut sérieusement contestée à Marc Woolston, le Cratère qui n’était qu’un amas de cendres à son arrivée, et qu’il avait eu tant de peine à fertiliser. Ce fut cependant ce qui arriva. On prétendit que c’était une propriété publique, et l’on ne rougit pas d’intenter à Marc un procès en revendication, sans doute parce qu’il en avait abandonné la jouissance à l’État pendant un