Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/6

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vaises langues nous exposerons quelques-unes des considérations qui se présentent à l’instant même à notre esprit, pour démontrer que tout ce qui est raconté ici pourrait être tout aussi vrai que les voyages mêmes de Cook. D’abord la terre est grande, et elle est assez vaste pour contenir non-seulement toutes les îles dont nous aurons occasion de parler, mais une infinité d’autres. C’est quelque chose d’avoir établi d’une manière invincible qu’une hypothèse est possible. Ensuite, à la fin du dernier siècle, et même au commencement de celui-ci, on ne connaissait pas la moitié des îles de l’océan Pacifique, qui nous sont connues aujourd’hui. Dans une pareille disette de renseignements précis, combien de choses ont pu se passer dont nous n’avons jamais su le premier mot ! Que de générations se sont succédé dans ces régions lointaines, sans qu’aucun homme civilisé en ait entendu parler ! Pendant les guerres de la révolution française, les événements secondaires passaient inaperçus et c’est encore une considération importante, à l’appui de la thèse que nous soutenons.

Mais quoi qu’on puisse penser de l’authenticité des incidents, nous espérons du moins qu’on ne contestera pas la moralité qui en ressort. La réalité n’est pas absolument nécessaire pour mettre en relief un principe, et quelquefois l’imagination peut très-bien prendre sa place. Le lecteur peut encore désirer savoir pourquoi les merveilleux événements racontés dans cet ouvrage ont été, si longtemps dérobés au monde. Quelqu’un pourrait-il me dire combien il y a de milliers d’années que les eaux se précipitent du haut du Niagara, et comment il se fait qu’il n’y ait que trois siècles que les hommes civilisés ont entendu parler de cette prodigieuse cataracte ? Le fait est qu’il faut un commencement à tout, et c’est précisément aujourd’hui que le monde va commencer à connaître l’histoire du Pic de Vulcain et du Cratère. N’accusons pas le siècle passé de négligence pour nous l’avoir cachée si longtemps. Rappelons-nous, ce que nous disions tout à l’heure que, il y a quarante ans, il n’y avait d’yeux, il n’y avait d’oreilles que pour Napoléon et sa merveilleuse histoire, où il se trouve plus de traits extraordinaires que dans tout ce qui est rapporté ici, quoique ce soit dans un tout autre genre. En fait de prodige, pendant près d’un quart de siècle, la révolution française et ses conséquences ont exercé le monopole.

Veut-on quelques explications plus simples ? Nous allons les donner, et, soit dit en passant, ce n’est pas un argument médiocre à l’appui de notre véracité. La famille Woolston existe encore en Pensylvanie. Le membre le plus distingué de cette famille est mort depuis peu, et c’est son journal qui a servi le plus souvent de base à ce récit. Il est mort à l’âge de soixante-dix ans, laissant une grande fortune, une réputation