Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/69

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

moins avait disparu sous l’action des éléments. Il commença par piocher avec ardeur, puis, quand le sol fut bien émietté avec la houe, il le saupoudra légèrement de guano, suivant les instructions de Betts. Cela fait, il descendit le panier que son compagnon, déjà de retour, remplit des balayures du pont. Bob n’avait pas perdu son temps, pendant l’heure que Marc avait travaillé au soleil sur le sommet du Cratère. Il avait trouvé un grand amas d’herbes marines sur un rocher près de l’île, et il avait fait deux ou trois voyages dans le canot pour en rapporter. Cette petite provision suivit le même chemin, et fut hissée également à l’aide du panier. C’étaient des ressources qui n’étaient point à dédaigner ; Marc en fit des bottes qu’il mêla aux autres ingrédients dont il devait former sa couche. Bob le rejoignit alors, et ensemble ils travaillèrent encore une heure de cette manière.

Ils crurent alors pouvoir risquer de mettre la graine en terre. Ils semèrent des melons des deux espèces, des fèves, des pois et du blé de Turquie. Ils avaient aussi quelques graines de concombre et d’oignons dont ils firent également l’essai. Le capitaine Crutchely, avait emporté une quantité de semences diverses, qu’il comptait distribuer aux naturels des îles qu’il se proposait, de visiter, dans leur intérêt, comme dans celui des futurs navigateurs. C’était une attention de ses armateurs, qui étant de la secte qu’on appelle « les Amis », faisaient un alliage assez bizarre de la philanthropie avec l’avidité pour les biens de ce monde.

Marc n’était pas très-fort en jardinage, mais Bob n’était jamais embarrassé. Cependant il fit bien quelques méprises. Le Récif de Marc était situé juste entre les tropiques, par le 21e degré de latitude sud, mais la brise qui venait constamment de la mer y entretenait une assez grande fraîcheur ; et, s’il avait eu raison de semer les pois, et même les oignons, sur la hauteur, il aurait peut-être mieux fait de mettre les melons, les aubergines et deux ou trois autres graines, dans les endroits les plus chauds qu’il aurait pu trouver, au fond du cratère, par exemple. Mais où ils montrèrent tous deux une grande intelligence, ce fut en