Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/71

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

prouva qu’on leur donnât à manger ; mais quant à boire, il fit observer qu’il allait tomber une pluie d’orage. Il est certain que le temps était menaçant, et Bob ne demanda pas mieux que d’attendre, avant de se donner une peine inutile. Quant aux porcs, ils étaient toujours à fouiller avidement, quoiqu’ils n’eussent encore rien trouvé qui récompensât leurs peines. Peut-être avaient-ils du plaisir à fourrer leur groin dans quelque chose qui ressemblât à de la terre, après avoir été si longtemps confinés entre les planches d’un navire. En les voyant ainsi à l’œuvre, Marc eut l’idée de faire un autre essai, qui certes annonçait une grande prévoyance, en même temps que peu d’espoir de sortir de l’île de plusieurs années : il avait de la graine de limons, d’oranges, de citrons, de figues, et de raisins, tous fruits qui viendraient très-bien dans l’île, s’ils trouvaient seulement un sol pour les nourrir. Un des porcs, en fouillant de son mieux, précisément sous la rampe du cratère, du côté du nord, avait fait une longue rangée de petits monticules de cendres, à des distances inégales il est vrai, mais assez bien disposés, pour recevoir des semences. Marc y enterra les siennes, charmé de faire une épreuve qui pourrait profiter plus tard à quelques-uns de ses semblables, s’il n’en profitait pas lui-même.

Après avoir fait cette plantation, Marc éprouva naturellement le désir de la conserver. En sortant du Cratère, il avait chassé les porcs devant lui, et il eut l’idée d’en fermer l’entrée avec la voile qu’il établit comme une porte en l’attachant des deux côtés du passage. Si ces animaux avaient eu quelques succès dans leurs recherches, il est probable que ce léger obstacle ne les aurait pas empêchés de retourner dans l’intérieur du Cratère ; mais, dans l’état actuel des choses, il se trouva suffisant, et la voile resta suspendue devant l’entrée, jusqu’à ce qu’on eût trouvé moyen d’y mettre une clôture plus solide.

L’orage semblait alors si imminent que les deux marins se hâtèrent de retourner à bord, pour éviter d’être mouillés jusqu’aux os. À peine étaient-ils rentrés que le grain commença, mais ce ne furent pas ces torrents de pluie qui tombent quelque-