Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/92

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craindre la famine dans l’avenir ; mais ce n’était point cette considération qui causait ses transports, c’était de voir une création nouvelle sortir en quelque sorte de ses mains. Il courait de monticule en monticule, et partout il trouvait des plantes, les unes commençant à sortir du milieu des cendres, d’autres déjà en feuilles ; toutes, vertes et bien portantes. Heureusement Kitty n’avait pas été sur le sommet depuis quinze jours ; les premières visites qu’elle y avait faites, toujours sans résultat, ne lui avaient sans doute pas donné l’envie d’y retourner mais si elle venait à apercevoir d’en bas la verdure, elle ne résisterait pas à la tentation, et alors Dieu sait les ravages qu’elle ferait. Marc résolut donc de la confiner à bord, jusqu’à ce qu’il eût pris les précautions nécessaires pour l’empêcher de gravir la hauteur, ce qui n’était pas très-difficile. À l’extérieur du rocher, il n’y avait que trois endroits par où il fût possible même à une chèvre de grimper. Cela provenait de ce que, à l’exception de ces trois points, le roc, à partir de sa base, s’élevait à pic jusqu’à une hauteur de dix à douze pieds. À deux des endroits où des débris accumulés avaient fait une sorte d’escalier grossier, il ne faudrait que très-peu d’efforts pour le détruire, et rendre le passage tout à fait impraticable. Sur le troisième point, il y aurait plus à faire, et provisoirement il fut convenu qu’on y établirait une sorte de barrière. Comme la voile tendue devant l’entrée ne permettait pas aux animaux de pénétrer dans l’intérieur du Cratère, il n’y avait pas de craintes à concevoir de ce côté, et l’on se promit même d’établir quelques marches pour rendre, au moins sur un point, la montée plus facile.

Dès que Marc fut un peu revenu de sa première surprise, il envoya Bob chercher en bas quelques seaux remplis de la terre qui avait été apportée du Rocher du Limon. Il eut soin de mettre de cet engrais autour de chaque plante, et l’expérience lui prouva combien il avait eu raison d’agir ainsi. Il est certain que, sans cette précaution salutaire, toutes ses plantes favorites auraient péri, faute d’une nourriture suffisante. Aussi ne se borna-t-il pas à un simple essai, et il voulut que toutes ses plantations sur