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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 3, 1839.djvu/125

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velles de miss Dunscombe, et lorsqu’elle eut répondu à ses questions, il continua ainsi qu’il suit :

— Ces braves gens s’expliquent en francs marins, Borroughcliffe. Ils se sont trouvés sans occupation à Sunderland, et ils vont en chercher à Whitehaven, où ils ont des parents et des amis. Tout cela est fort vraisemblable, et je n’y vois rien de suspect.

— Sans contredit, respectable colonel ; mais il me semble que c’est une étrange calamité qu’un trio de gaillards vigoureux et bien bâtis comme ceux-ci ne sachent où trouver de l’occupation, quand il y a tant de vaisseaux de Sa Majesté qui parcourent l’Océan pour chercher les ennemis de la vieille Angleterre.

— Il y a quelque chose de vrai, de très-vrai dans votre remarque, capitaine. — Voulez-vous aller combattre les Dons, les Messieurs[1], et même les rebelles dont j’ai le malheur d’être le compatriote ? De par le ciel ! ce n’est pas une bagatelle qui privera Sa Majesté des services de trois hommes de bonne volonté, comme vous paraissez l’être. Voilà cinq guinées pour chacun de vous, du moment que vous serez à bord de l’Alerte, cutter de Sa Majesté, qui est entré hier au soir dans un petit port à deux milles d’ici vers le sud, où il s’est moqué de la tempête, comme s’il eût été dans cet appartement.

Un des hommes affecta de regarder les pièces d’or avec un air d’envie, et dit comme s’il avait réfléchi sur les conditions de l’engagement :

L’Alerte passe-t-il pour un bon navire ? L’équipage y est-il logé à l’aise ?

— On assure que c’est le meilleur cutter de toute la marine anglaise, répondit Borroughcliffe. — Vous avez sans doute beaucoup voyagé ? avez-vous jamais vu l’arsenal de la marine de Carthagène, en Espagne ?

— Oui, Monsieur, répondit le même marin d’un ton froid et tranquille.

— Oui-da ! vous avez vu peut-être aussi à Paris une maison qu’on appelle les Tuileries ? Eh bien ! ce n’est qu’un chenil en comparaison de l’Alerte.

— J’ai vu l’endroit dont vous parlez, Monsieur ; et si l’Alerte lui ressemble, je crois qu’on peut s’en contenter.

  1. Les Espagnols et les Français.