Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 3, 1839.djvu/129

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du salon, on ne put voir quel effet ils produisaient sur eux ; mais Catherine Plowden, qui resta seule quelques instants, réfléchit sur tout ce qu’elle venait de voir et d’ouïr avec un air sérieux qui ne lui était pas ordinaire. Le bruit des pas de la troupe qui s’éloignait cessa bientôt de se faire entendre, et son tuteur, qui était sorti en causant avec Borroughcliffe, rentra seul dans l’appartement. Tout en faisant les préparatifs pour le café, elle jeta à la dérobée plus d’un coup d’œil sur le colonel ; mais, quoiqu’il parût sérieux et pensif, elle ne vit sur sa physionomie franche et ouverte rien qui annonçât le soupçon ou la sévérité.

— On se donne bien de l’embarras inutilement avec ces trois marins, Monsieur, dit-elle enfin. Il semble que M. Dillon soit spécialement chargé de tourmenter tout ce qui vient en contact avec lui.

— Et qu’a-t-il de commun avec la détention de ces hommes ?

— Quoi ! n’a-t-il pas déjà nommé les prisons qu’il prétend leur convenir ? En vérité, colonel Howard, il y a de quoi faire perdre patience même à une femme. Voilà une affaire qui procurera de la renommée à Sainte-Ruth. On lui donnait déjà je ne sais combien de noms, maison, abbaye, château, palais même. Laissez agir M. Christophe Dillon à son gré pendant un mois, et vous aurez le plaisir de l’entendre appeler une prison.

— Kit n’est pas heureux pour posséder les bonnes grâces de miss Plowden ; et cependant Kit est un digne garçon, un bon garçon, un garçon de bon sens ; et ce qui vaut encore mieux que tout cela, M. Christophe Dillon est un sujet fidèle et loyal. Sa mère était ma cousine-germaine, miss Catherine, et j’espère qu’il ne se passera pas longtemps avant que je l’appelle mon neveu. Les Dillon sont d’une excellente famille écossaise, et je me flatte que le nom d’Howard peut mériter quelque considération.

— C’est précisément ce que je voulais dire, mon cher tuteur. Il n’y a pas une heure, vous étiez indigné parce que je vous donnais à entendre qu’on pourrait mettre le nom de geôlier à côté de celui d’Howard, et maintenant vous vous laissez contraindre à en remplir les fonctions !

— Vous oubliez, miss Plowden, que ces hommes sont détenus par ordre d’un officier de Sa Majesté.

— Mais je croyais que la glorieuse constitution de l’Angleterre,