Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 3, 1839.djvu/133

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et Catherine Plowden, enveloppée dans une grande mante, en sortit tenant en main une lampe de nuit, dont la lumière, faible et vacillante, projetée d’un seul côté, laissait tout le reste dans l’obscurité. Elle était suivie de deux autres femmes, vêtues de la même manière, et tenant toutes deux une lampe semblable. Quand elles furent toutes trois dans le corridor, Catherine ferma la porte avec précaution, et précéda les deux autres.

— St ! st ! dit Cécile d’une voix basse et tremblante ; on est encore levé de l’autre côté de la maison. Si vos soupçons sont justes, la visite que nous voulons leur faire les trahirait, et causerait certainement leur perte.

— Est-il donc si rare et si singulier d’entendre rire le colonel Howard quand il est à table avec un ami ? répliqua Catherine ; et oubliez-vous qu’en pareille occasion il lui reste rarement des yeux pour voir et des oreilles pour entendre ? Suivez-moi, mes soupçons sont fondés ; il est impossible qu’ils ne le soient pas. Si nous ne réussissons pas à les secourir, ils sont perdus, à moins que leurs projets ne soient plus profondément combinés qu’ils ne le paraissent.

— Vous entreprenez toutes deux un voyage dangereux, dit la voix douce et grave d’Alix Dunscombe ; mais vous êtes jeunes, et par conséquent crédules.

— Si vous désapprouvez notre visite, dit Cécile, elle peut être imprudente, et nous ferons mieux de rentrer chez nous.

— Non, répondit Alix, je n’ai rien dit dans l’intention de vous blâmer. Si Dieu a mis sous votre sauvegarde la vie de ceux que vous avez appris à aimer avec cette tendresse qu’il permet à la femme d’accorder à l’homme, il a eu ses raisons pour le faire. Montrez-nous leur porte, Catherine, et du moins sortons d’incertitude.

La vive Catherine n’eut pas besoin qu’on lui répétât cette invitation, et elle continua à précéder ses compagnes d’un pas agile et léger. Au bout du corridor elles descendirent un escalier tournant, et ayant ouvert une porte sans bruit, elles se trouvèrent sur une pelouse située entre le bâtiment et le jardin. Elles la traversèrent rapidement en cachant leurs lumières sous leurs mantes, et en baissant la tête pour se garantir du vent piquant de la mer. Elles arrivèrent bientôt à un grand bâtiment qui était la dernière aile ajoutée à l’édifice principal. L’architecture en était fort simple,