Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 3, 1839.djvu/302

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— N’avez-vous pas dit qu’il est mort ? qu’on l’a enterré dans les sables ?

— Ces deux faits sont vrais, Monsieur.

— Et vous refusez de m’expliquer comment il est mort, et pourquoi il a été enterré d’une manière si ignominieuse ?

— Il a été enterré par mon ordre, Monsieur ; et si sa sépulture est ignominieuse, sa conduite n’en méritait pas une autre. Quant au genre de sa mort, je ne puis ni ne veux vous répondre à cette question.

— Soyez calme, mon cousin, dit Cécile d’une voix presque suppliante. Respectez l’âge de mon oncle, et songez à l’attachement qu’il avait conçu pour Dillon.

Le colonel s’était pourtant rendu assez maître de son émotion pour reprendre la conversation avec plus de sang-froid.

— Monsieur Griffith, dit-il, je n’agirai point avec précipitation ; mais je vous prie, vous et le capitaine Manuel, de rentrer chacun dans votre appartement. Je respecte assez le fils de l’ami de mon frère Harry pour croire que sa parole sera sacrée. Allez, Messieurs je ne vous donne pas de gardes.

Les deux prisonniers saluèrent les dames et leur hôte, et se retirèrent. Griffith s’arrêta un instant sur le seuil de la porte.

— Colonel Howard, dit-il, j’abandonne cet enfant à vos bontés et, à votre indulgence. Je sais que vous n’oublierez pas que le même sang coule dans ses veines et dans celles d’une pupille que vous chérissez.

— Suffit, Monsieur ! suffit répondit le vétéran en faisant un geste de la main pour lui ordonner de sortir. Et vous, Mesdames ; retirez-vous aussi ; ce n’est pas ici votre place.

— Je ne quitterai pas cet enfant, dit Catherine, tant qu’il sera l’objet d’une horrible imputation. Colonel Howard, faites de nous ce qu’il vous plaira, car je suppose que vous en avez le pouvoir, mais son destin sera le mien.

— J’espère qu’il y a quelque malentendu dans cette malheureuse affaire, dit Borroughcliffe en se levant de table ; et je me flatte qu’avec du calme et de la modération tout pourrait s’expliquer. Jeune homme, vous avez porté les armes, et par conséquent vous devez savoir ce que c’est que de se trouver au pouvoir de ses ennemis.

— C’est la première fois que je m’y trouve, Monsieur.