Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 3, 1839.djvu/303

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— Mais vous n’en connaissez pas moins les droits de la guerre et notre pouvoir.

— Je sais que vous pouvez m’envoyer en prison, peut-être même au gibet, pour être entré ici déguisé.

— Et vous envisagez ce destin avec tant de calme, à votre âge !

— Vous ne l’oseriez, capitaine Borroughcliffe ! s’écria Catherine en jetant involontairement un bras autour du corps de son cousin, comme pour le protéger contre tout danger. Vous rougiriez, colonel Howard, d’exercer de sang-froid un tel acte de vengeance barbare !

— Si nous pouvions interroger ce jeune homme tranquillement et sans être interrompus par les sensations de ces dames, dit Borroughcliffe à son hôte à voix basse, nous pourrions en tirer des renseignements importants.

— Miss Howard, et vous miss Plowden, dit le colonel d’un ton que ses pupilles étaient habituées depuis longtemps à respecter, votre jeune parent n’est pas entre les mains des sauvages, et vous pouvez le confier sans crainte à mes soins. Je vous demande pardon de vous avoir tenue debout si longtemps, miss Dunscombe ; mais vous pourrez vous reposer sur le sofa du salon de Cécile.

En même temps il prit la main de Cécile et celle de Catherine, et les conduisit jusqu’à la porte, où il les salua avec cet air de politesse qu’il ne manquait jamais de prendre quand il faisait quelque chose qu’il savait les contrarier.

— Vous paraissez sentir le danger dans lequel vous vous trouvez, monsieur Merry, dit Borroughcliffe quand elles furent parties. J’espère que vous savez aussi ce que le devoir exigerait d’un militaire dans ma situation ?

— Faites-le Monsieur. Vous devez un compte à votre roi comme j’en dois un à ma patrie.

— Je puis avoir une patrie aussi, dit Borroughcliffe, dont le sang-froid ne fut nullement troublé par l’air de fierté avec lequel le jeune midshipman semblait le braver ; et cependant il ne m’est pas défendu d’être indulgent et même miséricordieux, quand les intérêts du prince dont vous parlez ne s’y opposent pas. Vous n’avez pas entrepris seul une pareille expédition ?

— Si j’étais venu mieux accompagné, le capitaine Borroughcliffe, au lieu d’interroger, aurait pu avoir à répondre.

— Il est donc heureux pour moi, Monsieur, que votre suite ait