Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 3, 1839.djvu/305

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suis charmé au fond de l’âme que ce jeune Juif errant soit arrivé pour tirer d’embarras ce pauvre diable. Je déteste d’être obligé de confesser un cœur noble. Je n’ai eu besoin que d’un coup d’œil pour voir qu’il avait plus souvent manié un fusil qu’une aiguille.

— Mais ils ont assassiné mon parent, le loyal, le savant Christophe Dillon ! s’écria le colonel.

— S’ils l’ont assassiné ils en seront responsables, dit Borroughcliffe en se remettant à table avec un sang-froid qui offrait une garantie de son impartialité ; mais ne faisons rien à la hâte, il faut d’abord nous instruire des faits.

Le colonel n’ayant rien à répliquer à une observation si raisonnable, reprit aussi sa place, et son compagnon commença à interroger le jeune colporteur.

Nous attendrons un moment plus convenable pour faire connaître au lecteur le résultat de cet interrogatoire, nous nous bornerons à dire, pour satisfaire sa curiosité, que le capitaine en apprit assez pour se convaincre qu’on méditait une entreprise très-sérieuse contre l’abbaye, mais assez aussi pour se croire en état de la mettre à l’abri de tout danger.


CHAPITRE XXVII.


Je n’ai jamais vu d’ambassadeur qui fût plus digne de représenter l’Amour.
Shakspeare. Le Marchand de Venise.


Cécile et Catherine se séparèrent de miss Dunscombe dans la galerie du cloître. Elle se retira dans son appartement, et les deux cousines ayant regagné le leur, entrèrent dans la pièce qui leur servait de cabinet de toilette. Les circonstances ayant placé ceux auxquels elles prenaient le plus vif intérêt dans une situation qui, si elle n’était pas positivement dangereuse, était du moins inquiétante, toute autre pensée devenait subordonnée chez elles à ce sentiment puissant, et ce fut peut-être cette raison qui les