Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 3, 1839.djvu/319

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE XXVIII.


Il regarde, et voit bientôt paraître sur Mornecliff-Hill une troupe armée de lances s’avançant sous un panonceau.
Sir Walter Scott. Marmion.


Le son aigu de la cloche du souper, qui retentissait déjà dans la sombre galerie, annonçait ce repas quand miss Plowden y entra. Elle doubla le pas pour aller joindre ses compagnons, afin que son absence ne pût éveiller aucun soupçon. Miss Dunscombe était déjà en chemin pour se rendre dans la salle à manger ; mais Cécile était encore dans son salon, et Catherine l’y trouva seule.

— Vous avez donc osé vous hasarder ainsi, Catherine ! s’écria miss Howard.

— Oui, je l’ai osé, répondit miss Plowden en se jetant sur une chaise pour se remettre de son agitation ; oui, Cécile, je l’ai osé : j’ai vu Barnstable, et avant peu il sera maître de l’abbaye.

Cécile en apercevant sa cousine avait rougi ; mais bientôt elle devint pâle comme l’albâtre, comme si tout son sang était refoulé vers son cœur.

— Et nous aurons donc une nuit de sang ! s’écria Cécile en frémissant.

— Nous aurons une nuit de liberté, miss Howard… de liberté pour vous, pour moi, pour Merry, pour Griffith et pour leurs compagnons.

— Quel besoin peuvent avoir deux jeunes personnes comme nous, Catherine, de plus de liberté que nous n’en avons ici ? Croyez-vous que je puisse garder le silence en voyant mon oncle trahi sous mes yeux, peut-être même sa vie mise en danger ?

— Sa vie sera aussi respectée, aussi sacrée que la vôtre même, Cécile Howard. Si vous voulez condamner Griffith à la prison et peut-être au gibet, perdre Merry, trahir Barnstable, comme vous me menacez de le faire, rien n’est plus facile, vous en trouverez l’occasion pendant le souper ; et, comme la maîtresse de la maison