occupent les maisons de Nassau-Street, passage qui fait communiquer Wall-Street avec les Tombs. C’est là qu’ils se rassemblent, pareils à ces nombreux débris que l’on rencontre sur la voie Appienne, avec un siste viator, de leur façon, pour arrêter la marche du passant. Nous devons maintenant transporter la scène dans une maison de cette rue qui se trouve à moitié route entre Maiden-Lane et John-Street ; sur sa façade sont plaquées de petites marques d’étain dont quelques-unes offrent une lecture aussi amusante que celle d’un almanach ; parmi les plus modestes il y en avait une qui portait cette simple et intelligible inscription :
« Thomas Dunscomb au second sur le devant. »
Les bureaux de Dunscomb occupaient entièrement la moitié du second étage d’une immense maison double en profondeur ; elle avait été habitée par quelque famille de distinction qui l’avait cédée aux ministres de la loi. C’est dans ces bureaux qu’il est maintenant de notre devoir d’accompagner un individu assez étrange, mais qui néanmoins dans ce repaire de la chicane semblait se trouver tout à fait chez lui.
— L’avocat Dunscomb y est-il ? demanda cette personne qui avait un air des plus rustiques, bien que ses habits eussent une sorte de teinte légale, en s’adressant à l’un des cinq ou six clercs qui levèrent la tête à l’entrée de l’étranger.
— Il y est, mais en consultation, je crois, répondit celui qui, étant payé pour ses services, était le clerc travailleur du bureau ; la plupart des autres étant des étudiants non rémunérés, et par conséquent peu exacts à la besogne.
— J’attendrai qu’il soit libre, répliqua l’étranger s’avançant froidement vers une chaise vacante, et s’asseyant au milieu des dangers qui auraient effrayé un homme moins familiarisé avec les procès, les chicanes et les quiddités de la loi. Les clercs, après avoir chacun considéré leur hôte, baissèrent leurs yeux sur leurs livres ou leur pancarte, et semblèrent abîmés dans leurs occupations respectives. La plupart de ces jeunes gens, membres de familles respectables en ville, prirent l’étranger pour un client rustique ; mais le clerc travailleur vit de suite, à un certain air assuré et malin, qu’il avait affaire à un praticien campagnard.