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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 30, 1854.djvu/155

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— M. Dunscomb comme la plupart des personnes d’un certain âge, a peu de goût pour le changement.

— Ce n’est pas cela. Selon lui les esprits d’une trempe ordinaire aiment à s’égarer dans l’idée qu’ils sont dans la voie du progrès, et la plupart de nos innovations comme on les appelle, sont marquées d’empirisme. Cette loi de pot-au-feu, comme il la nomme, placera les femmes au-dessus des maris, et créera deux intérêts là ou il ne doit y en avoir qu’un.

— Je sais que telle est son opinion. Le jour qu’il apporta le contrat de ma mère pour les signatures, il fit remarquer que c’était le côté le plus chatouilleux de sa profession que de préparer de semblables actes. Je me rappelle une de ses observations qui me frappa par sa justesse.

— Que vous voulez me répéter, Anna ?

— Certainement, John, si vous désirez l’entendre, reprit-elle d’une voix charmante qui n’admettait pas de refus à des demandes raisonnables adressées surtout par ce questionneur, voici la remarque de M. Dunscomb : La plupart des brouilles dans les familles, dit-il, viennent de l’argent, et, selon lui, c’est de l’imprudence que de jeter ce brandon de discorde entre l’homme et la femme. Là où l’union sur tous les points est si intime, il y n’a aucun danger à établir la communauté des intérêts. Il ne voyait pas de raison suffisante pour changer l’ancienne loi, qui avait le grand mérite de l’expérience.

— Il aurait peine à persuader à des pères riches et à de vigilants tuteurs chargés des intérêts d’une héritière, de souscrire à toutes ses idées. Ils disent qu’il vaut mieux prendre ses précautions contre l’imprudence et le malheur, en assurant à la femme une fortune indépendante dans un pays où la spéculation pour tant de gens est une tentation qui les conduit à leur ruine.

— Je ne m’oppose pas, dit Anna, à tout ce qui peut prévenir les mauvais jours, pourvu que les mesures soient franches et honnêtes. Mais le revenu doit être la propriété commune, et, comme tout ce qui appartient à la famille, il doit passer sous le contrôle de son chef.

— C’est très-généreux à vous de parler et de penser ainsi.