communicative, c’était de faire de l’opposition, — un homme des plus estimables du canton.
— C’est possible, mais il avait ses côtés faibles comme les autres hommes estimables, quoique les siens ne fussent pas généralement connus, comme j’ai déjà eu l’honneur de vous le dire. Chacun est estimable, je suppose, jusqu’à ce qu’on découvre le contraire. Mais Pierre est mort, et je n’ai pas envie de troubler sa tombe, ce qui, je crois, est un acte coupable.
Ces paroles étaient encore plus lugubres, et elles ne firent qu’exciter le désir de Dunscomb d’en savoir davantage. Toutefois il vit qu’il y avait de grandes précautions à prendre, mistress Horton affectant beaucoup de tendresse pour la réputation de son voisin décédé. Le conseiller connaissait assez la nature humaine pour savoir que l’indifférence est quelquefois un aussi bon aiguillon que l’opposition, et il jugea à propos d’essayer de ce moyen. Sans faire de réponse immédiate, il pria donc l’attentive Anna de lui rendre un petit service : c’était un prétexte pour l’éloigner de la chambre, et rester seul avec l’hôtesse. Alors jetant son cigare comme mauvais, il en alluma un autre, créant ainsi des retards qui irritaient l’impatience de la dame de la maison et la mettaient sur le gril.
— Oui, Pierre n’est plus, le voilà mort et enterré, et j’espère que la terre lui est légère, dit-elle en soupirant ostensiblement.
— Ici vous faites erreur, mistress Horton, remarqua froidement le conseiller ; les restes des deux victimes trouvées dans les ruines de la maison ne sont pas encore en terre, on les garde pour le jugement.
— Quels moments nous allons avoir, si pleins d’émotion et de mystère !
— Et vous pourriez ajouter de consommation. Les journalistes qui viendront de la ville comme une invasion de Cosaques suffiront pour remplir votre maison.
— Oui, et ils se rempliront eux-mêmes aussi. Pour être franche avec vous, monsieur Dunscomb, un trop grand nombre de ces gens-là désirent être logés à bas prix pour qu’on ait plai-