Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 30, 1854.djvu/241

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robé leur or. Ce sont là des accusations qu’on ne peut convenablement repousser que par un acquittement dans toutes les formes, après une investigation solennelle. Des demi-mesures ne sont pas de saison. Il faut qu’on ne me trouve pas coupable, ou une tache reste à jamais sur ma réputation. Ma position est singulière, j’ai presque dit cruelle ; sous certains rapports je la dois à ma propre volonté.

Ici Anna Updyke se rapprocha encore de son amie, comme si elle voulait la défendre contre ses propres accusations, tandis que Marie Moulin, interrompant son ouvrage, écoutait avec la plus vive anxiété.

— Sous beaucoup de rapports, peut-être, continua Marie, après une courte pause, et j’en dois subir les conséquences. Le besoin de faire ma volonté a toujours été mon plus grand ennemi. Il a été nourri par une entière indépendance et par trop d’argent : je doute qu’il soit bon pour une femme d’être mise à de telles épreuves. Nous sommes créées pour la dépendance, monsieur Dunscomb ; nous dépendons de nos pères, de nos frères, et peut-être de nos maris.

Ici succéda une autre pause ; les joues de la belle parleuse s’empourprèrent, tandis que ses yeux jetaient des flammes.

— Peut-être, répéta le conseiller, avec une emphase solennelle. Je sais que les hommes diffèrent d’opinion avec nous sur ce sujet.

— Avec nous ? voulez-vous me faire croire que la plupart des femmes aspirent à être indépendantes de leurs maris ? demandez à cette jeune femme ici, à vos côtés, si c’est là son sentiment sur les devoirs de son sexe.

Anna baissa la tête, et devint écarlate. Dans tous ses rêves de bonheur, dans toutes ses conversations avec John Wilmeter, elle avait prêché la dépendance de la femme ; son plus riant idéal avait été de s’appuyer un jour sur un mari, comme sur un soutien, un défenseur et un guide.

— J’ignore quelles sont les idées personnelles de miss Updyke à cet égard, reprit cet être singulier ; permis à moi d’avoir