Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 30, 1854.djvu/254

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dit-elle, mais je vois le but devant moi. Si j’avais reculé devant ce jugement, et que j’y eusse échappé d’une manière quelconque, une tache serait restée sur mon nom, aussi durable que mon souvenir. Il est indispensable que je sois acquittée. Par la bénédiction que Dieu répand sur l’innocent, ce bonheur doit m’arriver, et je pourrai continuer ma route dans la vie, et regarder mes amis avec un esprit tranquille.

— Pourquoi ces amis ne sont-ils pas connus ? demanda Dunscomb, ils seraient ici pour vous soutenir de leur présence.

— Eux ! lui ! jamais tant que je vivrai, jamais !

— Vous voyez ce jeune homme, Marie Monson, je crois qu’il vous est connu de nom ?

Marie Monson tourna son visage vers Millington, sourit froidement, et ne parut pas émue.

— Que m’est-il ? Voici la femme de son cœur, qu’il se tourne vers elle et l’entoure de soins.

— Vous me comprenez, Marie Monson, il est important que je sois assuré de cela.

— Si je vous comprends, monsieur Dunscomb ? peut-être. Vous êtes énigmatique ce matin ; je n’ai pas de certitude.

— Dans une petite demi-heure, la cloche du Palais de Justice sonnera, et alors vous allez subir un jugement où il va de vôtre vie.

Les joues de l’accusée pâlirent un peu mais ses couleurs revinrent vite, et son œil prit une expression plus hautaine que d’habitude.

— Qu’elle sonne ! répondit-elle tranquillement ; l’innocent n’a pas besoin de trembler. Ces deux êtres si purs ont promis de m’accompagner à l’endroit du jugement, et de me donner l’appui de leur présence. Pourquoi, alors, hésiterais-je ?

— J’irai aussi, dit Millington d’un ton ferme comme un homme bien décidé.

— Vous ? Eh bien ! par égard pour cette tendre amie, vous pouvez y aller aussi.

— Et pour nulle autre raison, Marie ?

— Pour nulle autre raison, Monsieur. Je sais tout l’intérêt