influences des castes sociales. Chacun les ressent plus ou moins, suivant le niveau de son entourage ; au delà tout est mystère. Il se trouva que le juge appartenait à une famille ancienne et historique de New-York, chose assez rare dans ces temps si changeants ; il était doué d’un tact héréditaire à discerner les personnes de son rang. D’un coup d’œil, il vit que la prisonnière avait l’air, les manières, l’extérieur et l’aisance d’une personne accoutumée dès l’enfance à la bonne compagnie. Dunscomb fut enchanté quand le juge, avec une sorte d’empressement, intervint au moment où le sheriff se disposait à placer la prisonnière à la barre, dans l’étroit espace destiné aux criminels ; s’adressant à lui :
— Monsieur le sheriff, dit-il, donnez à la prisonnière un siège en dedans de la barre. Messieurs, ayez l’obligeance de faire place pour que l’accusée puisse s’asseoir près de son conseil. Monsieur l’attorney, que la prisonnière soit assignée dès qu’elle sera remise de la fatigue et de l’émotion que lui a causées son entrée ici.
Cette cérémonie, sortant un peu des pures formes d’aujourd’hui, fut bientôt terminée, et l’avocat se déclara prêt à soutenir la non-culpabilité. On s’occupa ensuite de constituer les jurés, tâche d’une difficulté infinie, et qui, dans les causes criminelles, est devenue presque une affaire du dehors, comme pour railler la puissance de la loi. Il n’est pas rare de voir la Cour occupée une semaine ou deux à ces dispositions préliminaires, et le mal est devenu si criant que le pouvoir exécutif a dû recommander à la législature d’imaginer quelque contre-poids. Un des plus grands abus de la législation actuelle, c’est une fausse philanthropie qui protège les méchants et les pervers aux dépens des hommes droits et justes, et il y a peu de témérité à prédire qu’il faudra défaire plus de la moitié de ce qui s’est fait sous l’inspiration d’une liberté et d’une philanthropie mal entendue, avant que les citoyens se ressentent de la protection efficace des lois.
Un des progrès réels et raisonnables du jour, c’est de faire prêter serment aux jurés, dans toutes les causes qui doivent être jugées dans la session. C’est une économie de temps, et bien que