La Cour fut occupée une demi-heure à écouter des motions, à régler le rôle, rien ne semblant empêcher sa marche régulière. Alors le mouvement cessa en dedans de la barre, et une attente solennelle pesa sur toute cette masse d’êtres humains rassemblés dans cet étroit espace.
— C’est aujourd’hui le jour fixé pour le jugement de Marie Monson. Monsieur l’attorney du district, êtes-vous prêt ?
— Nous le sommes, Monsieur, tout à fait, je crois. S’il plaît à la Cour, M. Williams et M. Wright seront mes associés dans cette cause : c’est un procès d’importance, et je n’aime pas à le soutenir seul.
— La Cour l’a ainsi compris. Qui est pour l’accusée ?
— Je suis chargé de défendre Marie Monson, répondit Dunscomb, relevant la tête avec dignité et parlant avec l’aplomb d’un homme accoutumé aux audiences. M. Timms m’assistera.
— Êtes-vous prêts, Messieurs ?
— Je crois que nous le sommes, Excellence ; quoique la prisonnière n’ait pas encore été assignée.
— Monsieur l’attorney du district, nous allons procéder.
Comme le sheriff quitta la salle, chose assez extraordinaire, pour amener une prisonnière à la Cour, l’attente fut à son comble. Au milieu d’un silence profond, la porte roula sur ses gonds, et M. Gott entra suivi de Marie Monson, d’Anna, de Sarah, de Marie Moulin, et des deux jeunes gens. La bonne femme du sherrif était déjà dans la salle, et grâce à un constable, avait fait réserver des sièges pour les personnes qui accompagnaient la prisonnière. Toute la société y prit place à l’exception de Marie Moulin, qui était auprès de sa maîtresse dans l’intérieur de la barre.
Chaque observateur fut frappé de l’air, des manières, du maintien si inattendu de la prisonnière. Dunscomb vit d’un coup d’œil que son apparition avait produit une très-favorable impression. C’était quelque chose, et il espéra qu’elle pourrait servir à contrebalancer les manœuvres de Davis et de Williams. Le juge, en particulier, homme excellent et de bonne foi, fut tout à fait saisi de surprise. Rien ne dispose plus à la sympathie que les secrètes