causant. C’est bien avancer, dans une cause capitale que d’avoir un jury constitué dans la première matinée.
— Le verdict sera rendu demain, à cette heure, Monsieur, j’en ai peur.
— Pourquoi peur, mon garçon ? Plus tôt la pauvre femme sera acquittée, mieux vaudra pour elle.
— Oui, si elle est acquittée ; mais tout dans ce procès a une teinte sombre ; j’en suis effrayé.
— Vous, qui voyiez dans l’accusée, il y a de cela une semaine, un ange de lumière !
— Elle est certainement la plus séduisante créature, quand elle le veut, dit John avec emphase ; mais elle ne veut pas toujours se montrer sous cette forme.
— C’est certainement la plus séduisante créature, quand elle veut l’être, répliqua l’oncle avec une emphase à peu près semblable.
Mais la manière de Dunscomb était très-différente de celle du neveu. John était excité, pétulant, irritable, disposé à éprouver et à dire des choses désagréables ; mécontent de lui-même, et par conséquent très-peu satisfait des autres. Un grand changement, en effet, était survenu dans ses sentiments, dans l’espace de la dernière semaine, et l’image de la douce Anna Updyke prenait de plus en plus la place de Marie Monson. Comme cette dernière voyait rarement le jeune homme, et alors seulement à la grille, Anna avait servi d’intermédiaire dans les communications entre le jeune avocat et sa cliente. Dans de semblables occasions Anna était toujours si confiante, si douce, si empressée, si naturelle, si délicieusement femme, qu’il aurait fallu que John fût de pierre pour rester insensible à ses excellentes qualités ; Dunscomb n’avait pas été spectateur indifférent du revirement opéré dans les idées de son neveu, et il crut le moment favorable pour lui dire un mot sur un sujet si intéressant.
— Cette fantaisie de vouloir est une chose très-importante dans le caractère de la femme, continua le conseiller après un instant de pensées silencieuses et profondes ; quelles que soient vos intentions en fait de mariage, mon garçon, épousez une