Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 30, 1854.djvu/274

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pas dans ses veines, j’en répondrais. Mais qu’est devenue cette mistress Franck Millington ? je ne me le rappelle pas.

— Comme sa mère, elle mourut jeune, ne laissant qu’une fille pour hériter de son nom et de son immense fortune. La raison pour laquelle vous n’avez jamais connu M. Franck Millington, c’est probablement qu’il alla de bonne heure à Paris, où il donna à sa fille une brillante éducation, et de là il se rendit en Angleterre ; et quand il mourut, Mildred Millington, héritière de ses père et mère, eut, dit-on, vingt mille livres sterling de rente. Quelques amis officieux la marièrent à un Français, d’une assez grande noblesse, mais ayant peu de fortune ; et la dernière révolution les fait venir en Amérique, où, m’a-t-on dit elle prit en mains les rênes du gouvernement domestique jusqu’à ce qu’une espèce de séparation s’en soit suivie.

— Mais ce rapport s’accorde d’une manière surprenante avec celui que nom avons entendu ce matin au sujet de Marie Monson, s’écria Jack se redressant avec animation.

— Je crois que, c’est la même personne. Bien des choses concourent à me donner cette opinion. D’abord elle a une ressemblance de famille très-prononcée avec sa grand’mère et sa mère ; puis son éducation distinguée, ses manières, sa connaissance de plusieurs langues, l’argent, Marie Moulin, et les initiales de son nom prétendu, tout s’explique alors. On comprend les « mademoiselle » et les « madame » de la Suissesse ; en un mot, si nous pouvons croire que cette Marie Monson soit madame de Larocheforte, nous trouvons l’explication de toutes les énigmes de sa vie passée.

— Mais pourquoi une femme qui a vingt mille livres sterling de rente irait-elle vivre dans le cottage de Pierre Goodwin ?

— Parce que c’est une femme qui a vingt mille livres sterling de rente. Monsieur de Larocheforte reconnut qu’elle pouvait disposer de son argent, grâce à cette nouvelle loi, et par un sentiment assez naturel, il voulut jouer un autre rôle que celui d’une poupée dans son propre intérieur et dans sa famille. La dame s’attache à ses dollars qu’elle aime mieux que son mari ; une querelle s’ensuit, elle prend le parti de se soustraire à sa protection,