Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 30, 1854.djvu/291

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il leur sembla que tous ces objets avaient été placés près des fenêtres de manière à être enlevés à la main. Après le feu, ils n’avaient rien vu ni entendu du vieillard et de sa femme, si ce n’est qu’ils virent deux squelettes qu’on crut être les leurs. Ils supposèrent que c’étaient les squelettes de Pierre Goodwin et de sa femme. (Ici pour la première fois à l’audience on exposa ces restes aux regards.) Ce sont les mêmes squelettes, ajoutèrent-ils, sans aucun doute ; ils sont à peu près de la grandeur du vieux couple. Le mari était petit, la femme grande. Peu ou pas de différence dans leur taille. Ils n’avaient jamais vu le bas ou l’or, mais ils en avaient beaucoup entendu parler, ayant vécu proches voisins des Goodwin pendant vingt-cinq ans.

Dunscomb dirigea le contre-interrogatoire. Il fut serré, pénétrant, judicieux. Séparant les on-dit et les bavardages d’avec les faits connus, il fit bon marché des premiers, comme n’étant pas dignes d’être accueillis par un jury. Nous donnerons quelques-unes de ses questions et des réponses qu’on y fit, portant sur les points les plus essentiels du procès.

— Vous dites, témoin, à ce que je comprends, que vous connaissiez également Pierre Goodwin et sa femme ?

— C’est vrai, je les connaissais tous deux, et les voyais presque tous les jours de ma vie.

— Pendant combien de temps ?

— Oh ! bien des jours ! Pendant vingt-cinq ans, ou un peu plus.

— Voulez-vous dire que vous aviez l’habitude de voir Pierre Goodwin ou sa femme tous les jours, ou presque tous les jours pendant vingt-cinq ans ?

— Si ce n’est pas précisément tous les jours c’est au moins deux ou trois fois par semaine, à coup sûr.

— Cela est-il bien essentiel, monsieur Dunscomb ? demanda le juge. Le temps de la Cour est très-précieux.

— Très-essentiel, Excellence, en ce que cela montre le vague des dépositions des témoins ; en ce que cela sert à prémunir le jury sur la manière de recevoir leurs dépositions. L’exposé de l’accusation nous montre que si on établit des charges contre l’accusée, on les établit purement sur une évidence cir-