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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 30, 1854.djvu/293

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Cette question embarrassa beaucoup le témoin. Il y avait à peine une différence sensible dans l’apparence de ces tristes restes, quoiqu’on se fût assuré en les mesurant que l’un des squelettes était d’un pouce et demi plus long que l’autre ; ce fait était connu dans tout Biberry, bien qu’il ne fût pas facile au premier coup d’œil de dire lequel. Le témoin prit donc le parti le plus prudent, en plaçant son opinion sur un autre terrain.

— Je ne prétends pas discerner l’un de l’autre, répondit-il. Ce que je sais, à ma connaissance, est ceci, et rien que ceci : J’ai connu Pierre et Dorothée Goodwin ; j’ai connu la maison où ils vivaient ; je sais que cette maison a été brûlée, et que les vieillards ne sont pas dans leur résidence. Je n’ai vu les squelettes que lorsqu’on les eut changés de l’endroit où on les avait, dit-on, trouvés ; car j’étais occupé à donner un coup de main pour mettre les objets à couvert.

— Alors vous ne prétendez pas savoir quel est le squelette de l’homme, ou quel est celui de la femme ?

Cette question était habilement posée, et elle eut pour effet de rendre tous les témoins suivants réservés sur ce point ; car elle fit croire qu’il existait une différence qui pourrait être constatée par les hommes de l’art. Le témoin répondit aux vues de Dunscomb, et, après avoir été poussé assez loin pour montrer qu’il n’en savait pas plus que les voisins, on le pria de quitter la barre. Le résultat fut qu’il y avait actuellement très-peu de certitude établie au moyen de ce témoignage. Il était évident que le jury était maintenant sur le qui vive, et peu disposé à admettre comme parole d’Évangile tout ce qu’on affirmait.

Le point suivant était de mettre au jour tous les faits connus sur l’incendie, et sur la découverte des squelettes. Les deux témoins qui venaient d’être examinés avaient vu la fin du feu, avaient entendu parler des squelettes, mais avaient très-peu dit sur ce point. Dunscomb crut à propos de donner l’éveil à ce sujet dans l’état présent de la cause, comme il le fit par cette remarque :

— J’espère que l’attorney du district verra exactement sur quoi il se fonde. Tout ce que la preuve légale a démontré jusqu’ici consiste dans ces faits, qu’il existait deux personnes comme