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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 30, 1854.djvu/299

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tion basse, vicieuse et dangereuse, parce qu’elle est entachée des pratiques corruptrices de la ruse et de la tromperie. L’aile de l’auberge de mistress Horton fournissait un exemple de cette double physionomie, durant l’ajournement de la Cour.

Dans le salon de mistress Mac-Brain, l’ex-veuve Updyke, comme l’appelait Dunscomb, autour d’une petite table placée au milieu de la pièce, étaient assis, à un jeu de whist, Dunscomb en personne, le docteur, sa nouvelle femme et Sarah. La porte n’était pas fermée ; pas une figure ne décelait la conscience d’une mauvaise action, ou le désir excessif d’empocher l’argent de son voisin ; il régnait même dans cette société un certain degré de tristesse par suite de l’intérêt que chacun portait à la marche du procès.

À vingt pieds de là, et dans les deux petits salons déjà mentionnés, était réunie une compagnie très-différente. Elle se composait du rebut du barreau, peut-être des deux tiers des journalistes employés pour le procès de Marie Monson, de plusieurs plaideurs, de quatre ou cinq médecins de campagne, qu’on avait assignés comme témoins, et d’autres gens plus ou moins équivoques, dignes d’un pareil cercle. Nous donnerons d’abord un moment d’attention à la société réunie autour de la table de whist, dans le premier salon déjà décrit.

— Je ne crois pas que l’accusation, tout bien considéré, ait réussi aujourd’hui, comme on s’y attendait généralement, fit observer Mac-Brain. — Voici l’as d’atout, miss Sarah, et si vous pouvez le faire suivre du roi, nous aurons le tric.

— Je ne pense pas le faire suivre de quoi que ce soit, répondit Sarah, jetant ses cartes ; il me semble réellement qu’il y a défaut de sensibilité à jouer le whist, tandis qu’une personne de notre connaissance subit un jugement capital.

— Je ne me souciais guère de jouer, dit la paisible mistress Mac-Brain ; mais M. Dunscomb parut si désireux de faire un rob, que je ne savais trop comment refuser.

— Ah ça ! c’est vrai, Tom, dit le docteur ; tout cela est votre ouvrage, et s’il y a quelque mal, vous en supporterez tout le blâme.