CHAPITRE XXIII.
aile de « l’auberge Horton » où se trouvait la chambre de
Dunscomb, était d’une étendue considérable, contenant une douzaine
de chambres, bien que la plupart fussent rétrécies comme
toutes les chambres à coucher des tavernes américaines. La meilleure
pièce, avec deux fenêtres, et d’une certaine dimension,
était celle occupée par le conseiller. Le docteur et sa société
avaient un salon et deux chambres à coucher ; entre ces dernières
et la chambre de Dunscomb, il y avait celle du voisin turbulent,
l’individu qu’on prétendait fou. Le reste de l’aile, qui
était la portion la plus tranquille et la plus retirée de la maison,
formait en grande partie des chambres à coucher d’un style plus
relevé. Il y avait toutefois deux pièces que la prévoyance d’Horton
et de sa femme avait réservées à une toute autre destination.
C’étaient deux petits salons où les initiés fumaient, buvaient et
jouaient.
Rien n’est plus propre à montrer à quelle école un homme a été élevé, que sa manière de choisir ses amusements. Celui qui dès son enfance a été accoutumé à n’y voir que des distractions innocentes, est rarement tenté d’abuser de ces habitudes qui n’ont jamais été associées, dans son esprit à des idées coupables, et qui n’impliquent en elles-mêmes aucune faute morale. Parmi les gens d’une éducation libérale, les cartes, la danse, la musique, tous les jeux de hasard et d’adresse, ne comportent aucune idée de mal. Mais il est une autre classe d’hommes d’une morale plus relâchée et d’une conscience plus souple, qui impriment à ces distractions un autre caractère. Ce qui n’est chez les premiers qu’un amusement innocent, agréable, et, sous certains rapports, utile, devient entre les mains des seconds une occupa-