Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 30, 1854.djvu/33

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qui n’était dans le cabinet de M. Dunscomb que depuis six mois.

— Alors vous avez été instruit d’une manière très-lâche et très-mauvaise de vos devoirs d’avocat, Michel. On ne débita jamais de doctrine plus pernicieuse et plus propre à rendre les hommes vils. Laissez un jeune homme commencer à pratiquer avec de pareilles notions, et deux ou trois voleurs pour clients le prépareront à commettre de petits larcins, et un cas ou deux de parjure le formeraient à merveille à prêter de faux serments. Non, mes enfants ; voici votre règle à ce sujet : un avocat a le droit de faire tout ce qu’a droit de faire son client, non tout ce que voudrait faire son client. — Mais pendant que nous posons les principes, nous oublions les faits. Vous ne m’avez rien dit de votre cliente, Ned ?

— Que désireriez-vous savoir ?

— Vous la dites jeune, je me le rappelle ; quel peut être son âge au juste ?

— C’est plus que je n’en sais ; quelque chose entre seize et vingt-cinq.

— Vingt-cinq !… Est-elle aussi âgée que cela ?

— Je ne le crois pas ; mais j’ai beaucoup songé à elle ce matin ; et, en réalité, je ne me souviens pas d’avoir vu jamais un être humain plus difficile à décrire.

— Elle a des yeux, n’est-ce pas ?

— Deux, et des plus expressifs encore, quoique, d’honneur, je n’en puisse dire la couleur.

— Et des cheveux ?

— En très-grande profusion ; elle en a tant, ils sont si beaux et si brillants, que c’est la première chose qui m’a frappé dans sa personne ; mais je n’ai pas la moindre idée de leur couleur.

— Sont-ils roux ?

— Non ni jaunes, ni dorés, ni noirs, ni bruns, et cependant ils offrent un mélange de toutes ces nuances, j’imagine.

— Ned, je le dirai à la veuve Updyke, scélérat !

— Dites-le-lui en guise de bonjour. Elle m’a fait toutes ces questions elle-même ce matin.

— Oh ! est-ce, possible ? Hum ! la femme ne change jamais sa