que cette jeune femme a réellement commis ces horribles crimes, quel serait votre devoir en pareil cas ? de lui continuer votre protection, vos conseils, de mettre en œuvre votre expérience, vos talents, afin de la défendre contre les rigueurs de la loi ou de l’abandonner absolument ?
— En bon anglais, Jack, votre compagnon d’études et vous, vous désirez savoir si je vais être dans cette affaire un palladium ou un renégat. Comme vous êtes des novices dans le métier, il est bon de vous apprendre tout d’abord que je n’ai pas encore reçu d’honoraires. Et je n’ai jamais vu conscience d’avocat se troubler à propos de questions de théorie avant qu’il ait rien touché.
— Mais vous pouvez supposer la somme payée, Monsieur, et, en ce cas, répondre à notre question.
— Pareille supposition est inadmissible. Si Mac-Brain m’avait donné à entendre que j’avais affaire à un client dont la bourse est bien garnie, et qui est accusé d’incendie et de meurtre, je l’aurais vu marié à deux femmes, en même temps, avant de bouger. C’est l’absence d’honoraires qui me pousse hors de la ville, ce matin.
— Et cette même absence, je l’espère, Monsieur, vous excitera à résoudre notre difficulté.
L’oncle se mit à rire, et branla la tête comme s’il voulait dire : « Pas mal pour vous. » Puis il accorda une pensée au point de morale pratique qui divisait les deux jeunes gens.
— C’est une vieille question dans le métier, Messieurs, répondit Dunscomb avec un peu plus de gravité. Vous trouverez des hommes qui soutiennent qu’un avocat a moralement le droit de faire tout ce que ferait son client ; qu’il se met à la place de l’homme qu’il défend, et qu’on demande de lui qu’il fasse exactement tout ce qu’il ferait, si lui-même était l’accusé. Je suis assez porté croire qu’une notion aussi vague, aussi souple que celle-ci, prévaut assez généralement parmi ceux qu’on peut appeler les moralistes secondaires de la profession.
— J’avoue, Monsieur, qu’on m’a donné à entendre qu’une règle de cette espèce doit diriger notre conduite, dit Michel Millington,