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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 30, 1854.djvu/358

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— J’avoue que j’ai des soupçons à ce sujet. Quelle autre personne pouvait le faire ou l’aurait fait ? J’ai fait part de cette pensée à M. Dunscomb, et son contre-interrogatoire s’est réglé sur ce fait, quoiqu’on n’ait rien obtenu de satisfaisant. Après mon acquittement, on fera des démarches pour pousser les recherches plus loin.

Marie Monson continua de discuter cette question pendant près d’une heure, encouragée par les questions successives de ses compagnes étonnées. Au bout de ce temps, M. Gott apparut pour dire que le jury était réuni de nouveau dans la salle d’audience, et que c’était son devoir d’amener la prisonnière devant lui.

Marie Monson n’eut jamais un air plus charmant qu’à ce moment. Elle était vêtue avec une grande simplicité, mais avec un soin excessif ; l’animation lui donnait les plus riches couleurs ; l’espoir, la joie même, brillaient dans ses yeux, et un air de triomphe rayonnait dans toute sa personne. Il n’y a pas de sentiment plus général que la sympathie du bonheur. Après le résumé du juge, peu de gens doutaient du résultat, et de tous côtés, sur son chemin, pendant qu’elle se dirigeait vers sa place d’un pas ferme et léger, la prisonnière lut dans les regards bonté, sympathie et allégresse. Après tout ce qui avait été dit, après toutes les préventions qu’on avait éveillées, Marie Monson allait être acquittée ! Les journalistes eux-mêmes s’humanisèrent un peu ; ils avaient une plus juste idée que le vulgaire des droits de leurs semblables ; jamais assemblée plus souriante, plus bienveillante, ne fut réunie dans cette enceinte. En quelques minutes le silence fut obtenu, et on fit l’appel des jurés. Chacun d’eux répondit à son nom, et le calme profond de l’attente plana sur l’assemblée.

— Levez-vous, Marie Monson, et écoutez le verdict, dit le greffier avec un léger tremblement dans la voix. Messieurs, que dites-vous ? la prisonnière est-elle coupable, oui ou non ?

Le chef des jurés se leva, arrangea avec soin quelques cheveux gris épars çà et là, et d’une voix qu’on eut peine à entendre, il prononça le mot terrible : « coupable. » Si une bombe avait