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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 30, 1854.djvu/359

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éclaté tout à coup dans la salle, elle n’aurait pu produire un plus grand étonnement, une plus morne consternation. Anna Updyke s’élança, et d’un bond entrelaça Marie Monson dans ses bras.

— Non, non ! s’écria cette généreuse jeune fille sans avoir la moindre conscience de l’inconvenance de son action, elle n’est pas coupable. Vous ne la connaissez pas. Je la connais, moi ; c’est elle qui m’apprit à lire. C’est une femme comme il faut, elle ne peut être coupable de crimes semblables. Non, non, Messieurs, vous reviendrez à un meilleur sentiment, et vous changerez votre verdict ; peut-être y a-t-il erreur, et avez-vous voulu dire « non coupable. »

— Quelle est cette jeune dame ? demanda le juge d’une voix tremblante ; une parente de la prisonnière ?

— Non, Monsieur, répondit la jeune fille exaltée, je ne suis pas sa parente, mais une amie très-intime, ce fut elle qui jadis m’apprit à lire, et je sais qu’elle n’est point une personne capable de voler, d’assassiner et de mettre le feu aux maisons. Sa naissance, son éducation, sa réputation, tout la met au-dessus de ces soupçons. Vous reviendrez à un meilleur sentiment, Messieurs, et vous changerez votre verdict. Allons, mettez-vous à l’œuvre, et modifiez-le, ou vous pouvez la pousser au désespoir.

— Y a-t-il quelqu’un qui connaisse cette jeune dame ? demanda Son Excellence d’une voix de plus en plus tremblante.

— Je suis Anna Updyke, maintenant fille du docteur Mac-Brain, et nièce de l’oncle Tom, répondit Anna sachant à peine ce qu’elle disait. Mais ne vous occupez pas de moi ; c’est Marie Monson, ici présente, qui a été jugée, et si à tort trouvée coupable elle n’a jamais commis ces crimes. Je vous le dis, Monsieur, elle est incapable de les commettre, et n’avait pas de motif pour les commettre ; oh ! je vous en conjure, mettez fin à cette procédure avant de la pousser assez loin pour qu’il soit difficile de revenir. Dites dès ce moment aux jurés de changer leur verdict. Non, non, Marie Monson n’a pas assassiné ! elle n’aurait pas plus voulu faire du mal aux Goodwin, ou toucher à une parcelle de leur or, qu’aucun de nous tous. Vous ne la connaissez pas, Monsieur ; si vous la connaissiez, vous souririez de la méprise du jury, car tout